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Yirgou : pourquoi c’est un génocide ? Les explications avec Me Ambroise Farama, avocat des victimes

« Permettez-moi de rappeler qu’a la dernière conférence de presse nous nous sommes abstenus de qualifier ce qui s’est passé à Yirgou de génocide parce que en ce moment-là on n’avait pas tous les éléments qui nous permettaient de savoir que les éléments constitutifs de crime était réunis ou pas.

Mais à ce jour sur la base du travail scientifique que le collectif a mis en œuvre nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper qu’a Yirgou et alentour il y a eu un crime de génocide. Il faut revenir sur quelques éléments précis.

D’abord tout a commencé à partir du 23 au 29 décembre 2018, le groupe d’auto défense qui est bien connu a organisé d’abord une fouille des domiciles des peulhs à la recherche de ce qui peut être des armes blanches ou des armes à feu. Quel était le dessein de la recherche de ces armes ? Au cours de leur recherche ils ont emportés tous ce qu’ils ont pu trouver comme étant des armes à feu ou des armes blanches. Avaient-ils reçu une mission pour le faire ? Certainement non. Avait-il le pouvoir de le faire ? Certainement non. Mais ils l’ont fait du 23 au 29 décembre 2018 sans être inculpé.

Et donc à la fin de cette première opération qui a constitué à désarmer totalement la communauté peulh, ils sont revenus à partir du 29 décembre et ils ont donné un ultimatum de 72h à la population de quitter les lieux et ce délai expirait au 1er janvier.

Nous avons pris le soin d’entendre les témoins, nous avons des éléments de preuve et ces témoins ont été listés de façon scientifique. Nous avons évité de prendre seulement le témoignage des peulhs. Nous avons également pris le témoignage de mossis de la localité qui n’approuvaient pas ces actes, qui confirment. Et les noms de toutes ces personnes sont là, les éléments seront donnés au procureur.

Tous ces éléments que nous affirmons aujourd’hui, nous avons la possibilité d’en apporter la preuve.

En plus de cela est ce peut être par coïncidence malheureuse ou est-ce un alibi, en tous cas dans la nuit du 29 au 1er, le chef mossi de la communauté de Yirgou a été assassiné. Nous ne pouvons pas affirmer qu’il y a un lien mais nous disons que la coïncidence est malheureuse et en même temps curieuse.

Elle est malheureuse en ce sens qu’il s’agit de perte en vie humaine, de la perte du chef, de ses fils, de ses sujets, et de ses collaborateurs. Elle est curieuse du faite qu’un ultimatum de 72h avait été donné et c’est à l’échéance de cet ultimatum que le chef meurt. Et ce qui est d’autant plus curieux c’est que ce chef s’était opposé à cette action et a cet ultimatum.

A la suite de son assassinat il y a une représailles qui est entreprise. Ils sont allés étape par étape et dans cette représailles on a noté dans un premier temps que les kogleweogos ont décidé d’abord de poursuivre les auteurs de crime. Ils n’y sont pas parvenus. Ils replient chemin et décident d’éliminer les autres kogleweogos peuls qui étaient avec eux. Pour cela également les éléments de preuves sont là.

Donc ils ont d’abord éliminé les kogolweogo peuls qui étaient avec eux sans doute pour éviter que ces gens-là ne se désolidarisent et qu’ils ne posent des actes contraires

Ensuite ils ont procédé au massacre systématique de la communauté peule et des personnes majeures. Parce que dans la liste vous avez à peine 4 ou 5 mineurs dont un de 18 ans qui a dû être assimilé certainement à un majeur. Mais pour les enfants c’est un incident. Il y a eu trois enfants je crois. Ce sont des incidents tels que le garçon qui a été retiré du dos de sa mère, et qui a été jeté au feu.

Il y a un enfant qui est mort à la suite de la soif et de la faim parce que les parents ayant fui n’avaient pas de quoi le nourrir.

Donc il est clair que ce qui s’est passé à Yirgou est un génocide. Les éléments qui nous manquaient c’étaient la préméditation, l’intention, et la préparation. De ce que je viens de montrer, les éléments préparatifs sont là.

Ils ont d’abord pris le soin de les désarmer, deuxièmement ils leurs ont donné un ultimatum et après l’expiration de l’ultimatum, ils sont passés à l’acte.

C’est vrai que l’incident malheureux qu’est la mort du chef semble être l’élément déclencheur, mais en réalité quand on apprécie attentivement les faits, ce n’était pas la mort du chef de Yirgou. L’élément déclencheur c’était l’expiration de l’ultimatum qui leur avait été donné.

Donc il a bien génocide ciblé contre la communauté peule et particulièrement les hommes majeurs.

Au plan interne, en droit public burkinabè, l’action publique peut être mise en œuvre par le parquet. A défaut, elle peut être mise en œuvre par les victimes. En cas de crime de crime flagrant il a appartient au procureur de mettre en œuvre l’action publique et je peux vous assurer que l’action publique a été mise en œuvre dans les meilleurs délais. Dès le 02 janvier l’action publique a été mise en œuvre. Et à partir de ce moment-là, les victimes ne portent plus plainte pour mettre ne œuvre l’action publique, les victimes viennent se joindre à l’action du procureur pour suivre donc la procédure.

Le procureur du tribunal de grande instance de Kaya a bien en œuvre ne œuvre l’action publique et les enquêteurs sont sur le terrain. A la date de ce jour il y a plus de 85 personnes qui ont été entendues.

Mais ce qui explique la disparité entre les chiffres c’est que les autorités communiquent les chiffres sur la base des recoupements ou des retrouvailles des corps ou des tombes, si non au niveau gouvernemental ils sont d’accord que les chiffres sont plus élevés que ce qu’ils communiquent officiellement.

Ce que nous déplorons, c’est que à ce stade de la procédure, les enquêtes ont permis de sortir des noms, d‘identifier des auteurs de ce crime. Malheureusement, jusqu’à ce jour aucune arrestation n’a été menée ».

Et il y a des risques parce que tant ces personnes continueront de bénéficier de la liberté, de porter des armes, d’êtres intouchables, les victimes et les témoins se sentent menacés.

Nous pensons qu’il d’ailleurs impossible d’envisager un retour de ces déplacés et une reprise de la vie dans une cohésion sociale parfaite pendant que ces bourreaux sont libres ».

Infowakat.net

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