Lorsque Loutigui (un nom d’emprunt), du haut de ses 72 printemps se vit notifier a la convocation du comité de médiation du village, il pensait sans doute qu’il s’agissait d’une affaire en lien avec ses exploitations agricoles.
Mais qu’elle ne fut sa surprise, une fois installé face aux membres dudit comité, que ces derniers commencèrent par lui présenter leurs excuses. Ils lui firent comprendre qu’eux-mêmes avaient hésité mais avaient fini par franchir le pas en lui demandant de venir.
Sur ce, ils lui expliquèrent que c’est sur saisine de Warah (un nom d’emprunt) qu’ils avaient décidé d’échanger avec lui. Et pour cause cette dernière s’en était ouverte à eux, au motif qu’elle n’était pas contente de son cher mari.
Ce dernier, affirma-t-elle, n’avait plus d’yeux pour elle. Il ne la désirait plus, ne la touchait plus ; et même qu’il avait décidé de faire chambre à part depuis quelques temps… Laissant ses nuits à elle, monotones, froides et sans saveur.
Le problème c’est que Warah n’était plus très jeune. En effet, à 65 ans bien sonnés, elle manifestait pourtant une soif de désir et d’appétit sexuel que Loutigui ne comprenait pas. Franchement pas du tout.
Ensemble ils avaient pourtant eu de nombreux enfants et même de petits-enfants qui faisaient leur fierté à eux deux. Alors d’où venait cette inspiration dont la simple évocation le choquait ?
Apres avoir pris congés du collège des sages et non sans leur avoir promis de regagner la chambre conjugale, le mari, bien que froissé en son fort intérieur, décida, une fois chez lui, de calmer le jeu.
Il tenta ainsi de raisonner son épouse. Il lui fit comprendre que ces choses-là n’étaient plus de leur âge et qu’ils devaient au contraire s’atteler à un rôle de conseil auprès de jeunes couples qui en ont besoin.
Warah écouta religieusement le sermon de son mari, sans y ajouter un seul mot. Mais en avait-elle réellement compris le sens et la portée ? Ce qui est certain, c’est qu’elle avait au moins remporté une petite victoire, puisque son vieil étalon était de retour dans le pré. Et c’était déjà cela de gagné.
Jules SIMON
infowakat.net