Issaka Ouandaogo, est le responsable d’influence Oxfam au Burkina. Le mercredi 18 mai 2022, il a assuré une communication sur l’influence au profit des réseaux de journalistes, des responsables de médias à Koudougou au cour d’un atelier. Dans son intervention, il a aussi mis l’emphase sur les inégalités qui existent au Burkina Faso. Entretien !
Infowakat.net : Pouvez-vous revenir de façon succincte sur votre communication ?
Issaka Ouandaogo (I.O): J’ai fait la communication sur l’influence. L’influence c’est quoi, c’est le travail de plaidoyer que nous faisons pour changer les politiques publiques en faveur des populations vulnérables et des communautés. J’ai insisté sur les inégalités parce que les inégalités sont criardes au Burkina Faso. Je prendrais un exemple pour illustrer. On dit nous qu’au Burkina 20% des plus riches possèdent les 44% de la richesse. Pendant ce temps, 47,5% de la population vit en milieu rural sous le seuil de la pauvreté. Quand vous voyez ces chiffres, c’est vraiment effarant.
Donc, c’est pour ça que nous disons qu’il faut travailler à réduire les inégalités. Et réduire les inégalités c’est quoi, c’est les investissements publics dans les services sociaux comme la santé, l’éducation, et la protection sociale. Et aussi investir dans les secteurs de développement comme l’agriculture qui occupe 80% de la population. Si on fait des investissements dans ces secteurs dont je viens de parler, cela peut réduire les inégalités. Et si ce n’est pas le cas, ça voudrait dire qu’une minorité de la population qui vit des fruits de la croissance et pendant ce temps la grosse et la grande partie de la population vit dans la misère, vit dans la pauvreté. C’est ce que nous ne voulons pas.
Infowakat.net : Vous avez parlez des inégalités sans évoquer les causes de ces inégalités ici au Burkina ?
I.O : Oui, c’est important ! Que ce soit au Burkina et un peu partout, nous avons des richesses du sous-sol. Mais malheureusement quand on regarde cette richesse ou bien les ressources que nous avons, elles sont mal reparties. Elles sont mal reparties du fait des politiques publiques. Soit ces politiques publiques sont mal élaborées ou bien elles existent mais elles ne sont pas bien mises en Œuvre. C’est ce qui fait qu’il y a ces inégalités. Vous allez voir dans nos documents ou un peu partout où on dit que les inégalités ce n’est pas une fatalité mais c’est surtout c’est le fruit, c’est le choix des politiques. Donc c’est ce qui explique qu’il y a des inégalités. Et aujourd’hui, nous disons qu’il faut une fiscalité juste. Il faut imposer les plus riches et ceux qui ont des fortunes pour pouvoir financer les services sociaux au profit des populations les plus vulnérables. Mais si ce n’est pas fait, ça voudrait dire ceux qui ont des ressources, ceux qui ont des fortunes, leurs enfants vont toujours prospérer, aller dans les meilleurs hôpitaux pour se soigner, aller dans les écoles pour fréquenter.
Pendant ce temps, les plus pauvres, les fils des villageois qui sont les plus nombreux, des cultivateurs qui sont les plus nombreux vont toujours rester au bas de l’échelle. C’est ce que nous ne voulons. Donc nous voulons des services publics de qualité. Nous ne sommes pas contre le privé, mais nous devons avoir des structures publiques de qualité. Que ce soit les écoles, les services de santé, que ce soit l’accès à l’eau, normalement le service public doit pouvoir résoudre ces questions pour permettre aux Burkinabè de pouvoir se soigner, aller à l’école et manger dignement.
Infowakat.net : Que faut-il faire pour que ces inégalités qui existent au Burkina Faso puissent s’estomper ?
I.O : Je pense que nous avons les moyens. Quand je nous, d’abord on voit en Afrique, au Burkina qu’il y a la société civile qui s’organise. Il y a des mouvements sociaux qui s’organisent, il y a aussi des médias d’investigation qui sont là qui travaillent pour la bonne gouvernance, qui travaillent pour qu’il ait moins de corruption, qui interpellent les décideurs, qui demandent plus de transparences dans la gestion des choses publiques. Donc nous pensons que si la société civile se mobilise, fait des suivis citoyens des politiques publiques, qui interpellent les décideurs pour dire non, une fois aller dans ce sens pour réduire les inégalités, je pense qu’on pourrait réduire.
C’est un travail très intéressant, parce que le décideur dès fois il est de bonne foi mais il a besoin d’argument, il a besoin aussi être orienté. Et je pense qu’avec la société civile, qui devient de plus en regardant et qui demande des comptes à rendre à l’administration et aux décideurs ça peut changer les choses. Donc l’atelier dont nous venons de tenir, nous voudrions que les médias que vous êtes, que vous accompagnez les autres organisations à faire la veille sur la mise en œuvre des politiques publiques.
Propos recueillis par
Youssouf KABDAOGO
Infowakat.net