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LETTRE OUVERTE : A MONSIEUR LE MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE

 

Monsieur le Ministre, recevez nos salutations fraternelles et sachez que malgré le ton ou le caractère de cette lettre, nous avons un profond respect pour les ainés de par notre éducation et les valeurs sociales reçues…

Dans son adresse contre la guerre du Vietnam, Martin Luther-King, Jr n’a pas manqué de souligner le caractère véridique des propos suivants : « There comes a time when silence is a betrayal », qui se traduisent en français par : « Il vient un moment où le silence sonne comme une trahison ». Cher ainé, pardonnez notre « impénitence », notre « insolence », mais le silence dans lequel ,nous, agents sortants des écoles de formation d’enseignant, avons pris l’habitude de nous enfermer, risque de nous rendre la vie dure, à nous et à nos petits frères ;car la souffrance a tendance à être érigée en norme, après des années de formation et de stage…

Monsieur le ministre, près de 900 stagiaires (admis) de la promotion 2014-2016 de l’Ecole Normale Supérieure de l’Université de Koudougou, attendent leurs matricules, qui n’arrivent toujours pas. Nous sommes sidéré de constater que certains de nos camarades qui ont des « entrées » au niveau de la DRH ont pu avoir leurs matricules, alors que c’est pas affiché et mis à la disposition de tous. (Vivement que cela prenne fin, car c’est le lit des frustrations.)

Ils attendent leur mandatement, promis de façon médiatisée, à travers les réseaux sociaux et la télévision. Vous aviez promis et réitéré votre engagement, celui de ne pas envoyer un agent sur le terrain sans mandatement, lors du débat sur le plateau de la télévision BF1, en Septembre dernier.

Ils attendent le strict minimum, pour se loger décemment, se nourrir convenablement et servir leur pays, souvent loin, loin de la capitale et des commodités y relatives.

Ils attendent simplement de savoir que nous sommes dans un pays qui se respecte, avec un Exécutif qui a une vision holistique de l’éducation.

tofQuand on a une vision holistique de l’enseignement, on doit savoir que la condition sociale de l’enseignant est, soit un frein ou un canal facilitant la transmission du message. Nous trouvons qu’il est incohérent que pour un agent de la Fonction Publique censé être en activité à partir du 15 septembre, les autres agents de la Fonction Publique ne soient pas à mesure de tout mettre en œuvre pour que cela soit effectif. Mépris des gouvernants, laxisme des agents de l’administration.

Qui paye les frais d’une telle cacophonie et manque d’innovation ? Nos pauvres apprenants…Lorsque les enseignants sont affectés sans kit d’installation, savez-vous de quoi ils vivent ? Vous, votre collègue de la Fonction Publique, ignorez ces réalités. En voici un résumé …

On « débarque » Tinga, sans mandatement. Il est approché par le Proviseur de l’établissement, qui le fait souvent avec l’appui du COGES. Ils proposent au nouveau venu de l’appuyer pour son installation. Derrière ce geste salvateur en apprence, se cache une intention souvent bien cynique. On dit chez nous que la bouche pleine ne peut crier…

Le nouveau fonctionnaire arrive, vulnérable, s’installe dans la compromission et s’ensuit une soumission qui ne dit pas son nom. Peu à peu, l’affaire est ébruitée et ce dernier n’a plus aucune intimité, à fortiori dignité ; dans un Burkina où l’administration publique et son bras financier  exposent de façon « inconsciente » et répétitive les enseignants, le geste des chefs d’établissement ou de certains parents d’élèves, devient le coup de grâce. Et croyez moi, vous êtes complice de la liquidation du système éducatif.

Monsieur le ministre, cette lettre est loin d’être un cri de cœur. Non ! Nous n’avons pas la force de crier. Nous la réservons pour le travail, car de deux chèvres assoiffées, la plus bavarde n’est pas la plus assoiffée. Nous sommes assoiffés et nous n’avons plus la force de crier ; nous sommes fatigués, car tels des athlètes, nous sommes toujours sous le soleil à courir pour que nos dossiers ne dorment pas dans les tiroirs.

Quand des agents, des ministères se permettent de placer l’argent des fonctionnaires dans des comptes d’attente, ce n’est rien d’autre qu’un cynisme nauséabond. Je dis bien « compte d’attente ».Que ceux qui nous lisent, approchent un banquier ou un économiste…Il en saura plus !!!Imaginez un « super compte bloqué » sur une période de 03 mois avec un aux de 10% pour un dépôt de 1 milliard. On coince, jusqu’à ce que la grogne soit hors de contrôle et on vide payer les plaignants après que leur argent ait produit des intérêts. Qui en profite ? La question reste posée.

Monsieur le ministre, nous vous demandons, à vous et vos collègues concernés par le mandatement des nouveaux fonctionnaires, de travailler. Et le travail d’un chef, c’est de commander, commander juste et bien.

Monsieur le ministre, nous avons été témoin d’une scène qui montre à quel point notre Fonction Publique est remplie d’agents sans amour pour leur métier et le plus frappant, sans capacité d’organisation, d’innovation ou d’anticipation.

Figurez-vous qu’en Juillet, nous sommes repartis sur Koudougou pour l’enrôlement biométrique des stagiaires admis. Arrivés, les agents recenseurs ont commencé par les filières comptant plus de 100 professeurs, alors que nous, nous étions à peine 30.Sic ! Consterné par une telle preuve de manque de stratégie, nous nous approchâmes d’eux à la pause. Un agent, nous fit savoir qu’ils sont venus de Ouaga et qu’ils ont commencé sans avoir sous la main, l’état des effectifs des stagiaires par filière. (Diantre, j’ai cru que j’étais en face d’un de mes élèves qui ne cerne pas la problématique mais veut disserter…)Nous lui avons proposé notre aide pour les effectifs, lui recommandant de commencer par les plus petits effectifs. Niet ! Notre cher chef de mission malgré son jeune âge,  était imperméable à nos propositions, quoi que intelligentes et constructives.

Voyez-vous, c’est à de tels agents que nous avons affaire. Et le comble ils sont nombreux…Alors notre peine n’est pas près de finir. Mais croyez-nous, chacun fera son travail, sans exception. Emporté par un soudain élan de sagesse ou contraint, par la légitime pression des travailleurs, le travail sera fait.

Nous vous quittons, au bout d’une si longue lettre, digne de Mariama Ba, en vous proposant de vous inspirer des systèmes qui prévalent dans les banques.

L’idée est simple ! Etoffez la DRH MENA du personnel nécessaire, de sorte à ce que chaque agent ait à sa charge une quantité précise de dossiers des fonctionnaires à traiter. Dès l’enrôlement, le fonctionnaire a l’identité de celui qui doit traiter son dossier ; en plus, il faut définir, de concert avec vos collègues de la Fonction Publique et celui des Finances, un intervalle de traitement des dossiers des agents, nouveaux comme anciens. Passé le délai et sans raison objective, le fonctionnaire peut porter plainte contre la DRH pour traitement non diligent de son dossier.

Il faut que dans ce pays, chacun travaille et il faut que chacun à son niveau, arrête de prendre la vie des autres comme une bande dessinée et traiter leur carrière, avec légèreté.

Monsieur le Ministre, que le Tout-Puissant nous donne d’être des motifs de fierté de notre Nation ! Shalom…

NB : Je vous recommande de prendre au sérieux la menace de « déposer » la craie de la part des nouveaux agents. Nous avons tellement tergiversé, et à chaque fois, les petits frères en paient les frais. Comparaison n’est pas raison, mais voyez un peu nos frères sortants de l’ENAM ou de l’ENAREF…

On ne peut pas vouloir, pour peu que l’on sache ce qu’on veut et que ce soit sincère, d’une éducation de qualité, si on n’a aucun respect pour les enseignants.

 

KOUAMA Y. L.  Miguel Nomwendé

Promotion ENS-UK 2014-2016

Contact : 75.20.20.73

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