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Procès Naïm Touré : « C’est aussi un procès de la liberté d’expression », selon la défense

Le procès du ministère public contre l’ « activiste et lanceur d’alerte » Naïm Touré a eu lieu ce mercredi 27 juin 2018 au Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou (TGI/Ouaga). La défense de l’accusé a indiqué, au regard des accusations qui pèsent sur leur client, que les accusations ont été faites sur la base de sentiments, estimant qu’ « on ne peut pas rendre justice avec les frissons de la chair ». Elle a demandé la relaxation pure et simple de Naïm Touré, soutenant que ce procès-ci est aussi un « procès de la liberté d’expression ».

Neuf (9) avocats ont défendu Naïm Touré à la barre ce 27 juin. Pendant plus de 4 heures de temps, accusé et conseils ont défendu leurs positions. Pour l’accusé, son poste en date du 13 juin sur le réseau social facebook n’avait pas pour but de « participer à une entreprise de démoralisation des Forces armées nationales » comme l’estime le procureur du Faso. Selon les explications données par Naïm Touré à la barre, « ce poste a été fait pour informer l’opinion et pour dénoncer l’attitude des autorités (actuelles) qui ont une lenteur administrative », en ce qui concerne le retard constaté dans la procédure d’évacuation du pandore blessé pendant l’opération de démantèlement du réseau de terroristes le 22 mai 2018 à Rayongo où le gendarme François De Salle Ouédraogo y a perdu la vie.

S’il a invité les forces armées nationales à « s’allier très souvent aux autres corps, aux activistes et aux simples civiles (…) pour stopper ce pouvoir », ce n’est pas pour faire un coup d’Etat, ni un putsch, encore moins une insurrection. Il dit les avoir invité à « faire un vote sanction en 2020 » et à aller au dialogue avec leur hiérarchie à travers le conseil national de la défense, dans le but d’amener les autorités  qu’elles protègent jour et nuit à « trouver des solutions à leurs différents problèmes ».

C’est justement cette invite qu’a dénoncé le procureur à l’audience qui a estimé que les faits de « participation à une entreprise de démoralisation des forces de défense et de sécurité » sont constitués dans ce dossier car le poste avait indexé la Gendarmerie l’invitant à prendre ses responsabilités face à une situation donnée.

Mais pour l’accusé, l’appel à stopper le pouvoir tel qu’indiqué dans son poste n’a pas des germes de violence parce que, insiste-t-il, « l’appel à stopper le pouvoir devrait se faire par les urnes et non par la violence ». « Je suis un républicain et je ne peux pas demander aux FDS de se révolter contre le pouvoir. L’armée a aussi le droit de vote. Je parle ici d’un vote sanction envers les autorités », s’est-il justifié à nouveau, même si le procureur persiste et signe que « ce poste était de nature à inciter au trouble à l’ordre public et à démoraliser les FDS ». « Honnêtement, je ne savais pas qu’on pouvait avoir une autre interprétation de mon poste », revient à la charge Naïm Touré, regrettant que son poste soit compris autrement.

Si le procureur maintient sa position, il la justifie par le fait qu’un soldat au front dans le sahel ou dans l’est qui tombe sur cette publication peut avoir une autre interprétation qui puisse l’inciter à développer un autre comportement déplorable. Mais pour Me Prospère Farama, un des conseils de Naïm Touré, « un soldat au front ne devrait pas avoir le temps d’être sur facebook ».

Le procureur dans ses réquisitions est resté sur sa position. Il a invité l’accusé à être rigoureux dans l’avenir dans ce qu’il écrit. Il a ensuite souhaité que Naïm Touré soit gardé dans les liens de la prévention en requérant 12 mois de prison ferme contre lui.

Le tribunal a renvoyé le délibéré de l’audience au mardi 3 juillet prochain.

Armand Kinda

Infowakat.net

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