Emmanuel Macron en visite officielle au Burkina Faso, il y a quelques mois, s’était fendu d’un « vous êtes hyper paradoxaux » à l’endroit des étudiants de l’université de Ouagadougou avec lesquels il s’entretenait.Pour un paradoxe, on peut dire effectivement que les Burkinabè n’en manquent pas. La propension que certains d’entre eux ont à vouloir imposer la « réconciliation nationale » à coup de slogans, de conférences de presse et de déclarations publiques, alors que manifestement la mayonnaise ne prend pas, défie toute logique.
La réconciliation devrait-elle être imposée ou au contraire doit-elle être le fruit d’une action patiente et construite ? N’y a-t-il pas un minimum de préalables à requérir ?
Le poids de l’histoire
Depuis 1966, les Burkinabè ont excellé dans l’accumulation des contentieux. Non résolus, constamment portés sur la place publique, ils sont toujours sujets à controverse.
Aucune des parties ne veut faire de concession encore moins reconnaître ses responsabilités et demander publiquement pardon. Chaque camp reste sur ses positions. Ce qui complique la rédaction d’une mémoire collective qui aurait pu servir pour les générations futures.
Plusieurs années après, les bourreaux d’hier ne sont toujours pas prêts à reconnaître humblement leurs torts et estiment parfois que ce sont plutôt eux qui ont été brimés par les autres. Comment dans ces conditions parler de réconciliation nationale ?
Le paroxysme a été atteint lorsqu’en 2000, le pouvoir d’alors, dans son zèle réconciliateur, est allé jusqu’à organiser une controversée journée nationale de pardon, qui a d’ailleurs fait long feu. Tant elle manquait de sérieux, pour ne pas dire de sincérité.
Dix-huit ans plus tard, des Burkinabè en sont encore à vouloir arracher la réconciliation par la force. Il n’est pas certains qu’ils y parviennent.
Jules SIMON
infowakat.net