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Burkina Faso : 275 000 personnes contraintes de fuir une nouvelle flambée de violence

La lenteur et l’insuffisance de la réponse humanitaire contraignent les populations à choisir entre l’insécurité et la faim, avertit le Conseil norvégien pour les réfugiés.

L’augmentation de la violence au Burkina Faso a forcé en moyenne 13 000 personnes par semaine à fuir leur foyer depuis avril. Près de 500 civils ont été tués, les attaques des groupes armés dans les villes de Solhan et d’Arbinda étant les deux plus meurtrières de l’histoire récente du Burkina Faso.

« Malgré la recrudescence du conflit, la réponse humanitaire visant à aider les personnes dans le besoin prend beaucoup de retard. Une grave carence dans le financement de l’aide, combinée à un manque de capacité des autorités locales, empêche les organisations humanitaires comme la nôtre de réagir à temps », a déclaré Manenji Mangundu, directeur du Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) au Burkina Faso.

Les autorités gouvernementales chargées d’enregistrer les personnes affectées ont du mal à gérer un nombre toujours croissant de personnes. Depuis le mois de juin, les organisations humanitaires demandent que l’enregistrement et le partage d’informations se fassent dans un délais maximum d’une semaine. Il faut actuellement plusieurs semaines avant que les familles nouvellement déplacées puissent recevoir une aide telle que de la nourriture et un abri.

« Nous demandons au gouvernement de nous laisser intervenir et d’apporter notre soutien. Les organisations de secours ont la capacité d’aider les personnes dans les zones les plus inaccessibles où l’aide est urgente, en complément du travail essentiel des autorités », a déclaré M. Mangundu.

Le fait de ne pas répondre aux besoins humanitaires urgents oblige les familles vulnérables à faire un choix impossible entre nourrir leurs enfants et leur propre sécurité. De nombreuses personnes disent au NRC qu’elles veulent rentrer chez elles pour accéder à leurs stocks de nourriture, malgré le risque d’attaques.

« Ici, à Ouahigouya, il n’y a aucune assistance. Chez nous, à Koumbri, nous avons de quoi nous nourrir, mais au péril de notre vie », explique Mohammed, un agriculteur déplacé avec sa famille.

D’autres familles font un choix différent mais tout aussi douloureux : rester dans une zone assiégée où les pénuries de nourriture sont devenues si critiques qu’il n’y a que des feuilles à manger ou bien marcher pendant plusieurs jours à la recherche de nourriture et risquer de se faire attaquer.

Ces dernières semaines, des dizaines de femmes de la ville de Mansila ont parcouru 40 kilomètres à pied jusqu’à la ville de Sebba avec leurs enfants à la recherche de nourriture, mais elles n’ont reçu aucune aide depuis leur fuite.

« La faim vous fait crier à l’aide mais personne ne vient. Les gens ont l’impression de ne plus faire partie du Burkina Faso. Nous avons le sentiment de ne pas être dignes d’être aidés », a déclaré Bandé, une mère qui vient de s’échapper de Mansila. « Si le choix est de mourir en route ou de mourir de faim à Mansila, mieux vaut au moins mourir en essayant de sortir », a-t-elle dit.

Faits et chiffres :

• Plus de 275 000 personnes ont été déplacées depuis le seul mois d’avril, selon l’organe humanitaire du gouvernement, le CONASUR.
• Plus de 1,4 million de personnes sont déplacées à l’intérieur du Burkina Faso, selon le CONASUR.
• La réponse humanitaire pour le pays requiert quelque 607 millions USD pour répondre aux besoins en 2021. Il n’est financé qu’à hauteur de 24 % à ce jour.
• Plus de 480 civils ont été tués dans des attaques dans le pays entre mai et août, selon INSO.
• On estime que 4,8 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire et 2,9 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë.

Contacts :

Marine Olivesi, responsable du plaidoyer et des médias au Burkina Faso et au Niger.
Tel : +226 65 52 44 26, E-mail : marine.olivesi@nrc.no

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