A LA UNE Actualité Burkina

Burkina Faso : Dr Fati Balima retrace l’histoire des coups d’Etat

Depuis les années 1960 jusqu’en 2022, le Burkina Faso a connu plusieurs coups d’Etat sous plusieurs formes. Dr Fati Balima, enseignante chercheure en Sciences politiques à l’Université Thomas Sankara y a fait une brève historique et s’interroge sur une dépendance au sentier avec à la solde, l’introuvable neutralité de la prise de pouvoir des militaires au pays des ‘’Hommes intègres’’.

« Il convient de noter que l’ingérence politique des militaires n’est pas une particularité habituelle encore moins Burkinabè », a entamé Dr Fati Balima lors du mini colloque intervenu le samedi dernier à Ouagadougou.

Ainsi, l’Etat et l’armée se sont institutionnalisés par le biais de l’activité guerrière. A ce propos, rappelle-t-elle, certains auteurs estiment que tout système politique est à l’origine d’un système militaire. De ce fait, elle enseigne que la conséquence immédiate sur la nature de « nos armées », c’est leur hybridité de départ qui constitue deux éléments.

« Le premier c’est que l’armée est ainsi incapable d’appeler des individualités dans un esprit de corps dont l’unité devrait être porté par un messie qui fait de chaque membre, de chaque institution un être fusionné au corps. »

Deuxième élément, » c’est la sensibilité par conséquent de nos institutions de faire face aux problèmes sociaux politiques (…) par un investissement politique des militaires par le biais de coup d’Etat comme mode opératoire », a-t-elle indiqué.

Cette perspective concerne les coups d’Etat qui sont intervenus au cours des années 1960 et qui s’articulent autour de notion de développement politique. « On se rappellera sans entrer dans les détails, deux éléments politiques qui ont précédé la chute du pouvoir du président Maurice Yaméogo », a-t-elle rappelé.

De son avis l’autre facteur concerne l’interventionniste militaire à savoir le coup d’Etat né à partir des années 1980. C’est ce qu’elle qualifie des coups d’Etat dits révolutionnaires. « Dans la perspective de rationalité militaire, le coup d’Etat s’analyse en terme de corporatiste en recherchant les causes de l’activisme politique de militaire non seulement dans les caractéristiques professionnelles de la troupe mais aussi dans le jeu d’acteur. Dans ce cas, la menace d’usage de la force se fait en réaction avec des éléments conjoncturels mais ils sont aussi liés à la structuration même de l’armée et à son histoire institutionnelle du corps », a-t-elle relevé.

Après avoir donné sa lecture sur le coup d’Etat de 2015, elle apporte une observation à celui de janvier 2022 à partir du processus historique. « Le coup d’Etat militaire de janvier dernier me parait dominé au regard de deux grandes théories. Il est à la fois motivé par les questions d’ordre politiques notamment la légitimité de l’offre politique civile issue du système partisan (indépendant) mais également motivé par les rationalités militaires par des questions corporatistes », a-t-elle souligné.

A ce titre, elle a évoqué le traitement sécuritaire, l’extrémisme violent et l’encadrement sécuritaire de la covid-19 ayant occasionné une remilitarisation du social avec un accroissement important des prérogatives des forces de défense et de sécurité (FDS) et dans le même temps qui restreint la liberté publique des mesures d’état d’urgence pour des raisons de couvre-feu.

Du reste, le citoyen qui se trouve devant cette problématique fait face à un pouvoir civil, qui parait dans une impuissance totale. Cette dimension interroge une notion importante, celle de la légitimité du pouvoir. « Toutes les conditions étaient donc réunies à mon avis pour que nous arrivons à la situation du coup d’Etat qui est intervenu », a-t-elle laissé entendre.

Pour amorcer une reconsolidation démocratique, Dr Fati Balima propose deux pistes que sont la démilitarisation du pouvoir et la dépolitisation de l’armée. « Cette échelle par contre, n’a jamais pu être amorcée au niveau du Burkina Faso pour la simple raison de la crise multisectorielle qui sévit depuis quelques années », dira-t-elle.

Youssouf KABDAOGO
Infowakat.net

ARTICLES SIMILAIRES

Ousmane Sonko confirme la volonté du Sénégal de quitter le franc CFA

INFOWAKAT

Campagne cotonnière 2024-2025 : une subvention de 10 milliards accordée aux producteurs pour l’achat des intrants

INFOWAKAT

Société : Un patron chinois offre des congés « mal-être » à ses employés

INFOWAKAT

Bobo dioulasso : incendie dans une usine de séchage de mangues

INFOWAKAT

Le 15 mai est désormais institué « Journée des coutumes et des traditions » au Burkina Faso.

INFOWAKAT

Burkina : Assises nationales les 25 et 26 mai 2024 à Ouagadougou

INFOWAKAT

Laisser un Commentaire

Infowakat

GRATUIT
VOIR