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Inhumation des 12 militaires tués à Nassoumbou : « Eh wendé, ce sont des jeunes… »

Le 16 décembre dernier vers de 5heures du matin, des terroristes faisaient irruption dans des positions de l’armée burkinabè au Nord du pays, précisément à Nassoumbou. Résultats déplorables pour les Burkinabè car le pays a encore été fortement endeuillé par ces terroristes. 12 militaires sauvagement et lâchement abattus. La cérémonie d’inhumation a eu lieu le mardi 20 décembre 2016 à partir de 16 heures au cimetière municipal de Gounghin en présence de familles de victimes et de membre de gouvernement.

La levée du corps au camp Sangoulé Lamizana s’est effectuée aux environs de 15heures. Les parents des victimes, les membres du Gouvernement, des hommes politiques, des membres d’organisations de la société civile (OSC) et bien d’autres personnes ont effectué le déplacement au Camp Sangoulé Lamizana pour rendre hommage aux victimes et témoigner leur compassion et condoléances aux familles éplorées. Aux environs de 16 heures, le cortège quitte le camp pour se diriger au cimetière de gounghin, situé à quelques encablures du camp. Des militaires avaient envahi la voie. « Visiblement, ils sont venus nombreux pour accompagner leurs frères d’armes », a lancé quelqu’un dans la foule postée sur l’échangeur de l’ouest pour assister au passage du cortège. Les routes étaient barrées par la police municipale et des gendarmes. L’embouteillage s’accentuait mais personne n’osait se plaindre de cette situation. Mieux, ils se levaient tous au passage du cortège comme pour rendre hommage aux disparus. Nous prenons quelques photos et nous suivons ensuite le cortège.

Au cimetière, le monde était déjà débordé. Sur le porte char du génie militaire étaient étalés les 12 cercueils des 12 jeunes militaires qui quittaient à jamais ce monde. Tous les cercueils ainsi que le porte char étaient enveloppé des couleurs nationales. Les militaires portaient, dans la majorité, des brassards noirs à leurs bras gauches. Et même les instruments qu’ils utilisaient pour la circonstance étaient, eux aussi en deuil, car couverts tous d’un tissu noir. Les populations dégagent le passage. Le porte char fait son entrée au cimetière et se positionne à quelques mètres des tombes déjà creusées. Les militaires, sous l’instruction de leur hiérarchie, descendaient les cercueils et les positionnaient sur des fers piqués au sol pour les contenir afin de permettre à toutes les populations de leurs rendre un dernier hommage.

Le temps des décorations à titre posthume

Une fois tous les cercueils installés, un militaire pris la parole et rassure les parents des victimes que la mort de leur proche ne sera pas vaine. « Chers membres des familles éplorées, nous allons repartir au combat pour défendre ceux qui sont tombés sous la lâcheté de ses attaques barbares… ». C’était en quelque sorte un fragment de sa déclaration. Ensuite, la parole est donnée à Simon Compaoré, ministre de l’Administration territorial, de la décentralisation et de la sécurité intérieure pour les décorations à titre posthume. « Maréchal des logis, Bazié Banou, au nom du président du Faso, nous vous conférons la médaille militaire à titre posthume… », telle était la formule également prononcée pour les autres corps étalés dans les cercueils et décorés par Pengrenoma Zagré, Chef d’Etat-major des armées et son adjoint, Bénéwendé Sankara, vice-président de l’assemblée nationale.

Après ces décorations, la parole est donnée à un militaire pour lire l’oraison funèbre. Ce militaire nous apprend que ceux qui sont tombés le 16 décembre à Nassoumbou sont partis à la fleur de l’âge. La plus part d’entre eux n’avaient que 4 ans de services. Certains d’entre eux laissaient derrière eux une veuve et des enfants. « Eh wendé, ce sont des jeunes », a déploré une personne la voix tremblante et les larmes parcourant son visage. « Ma sœur ne pleure pas, ça va aller », console une autre personne, le mouchoir à la main en train d’essuyer elle-même ses larmes. Après avoir cité le nom et le grade de tous les disparus de ce 16 décembre, le militaire fini sa lecture en ces termes : « Ayez le repos éternel et que la terre libre du Burkina vous soit légère ». « C’est pas simple ! », chuchote un militaire à son frère d’arme, la tête baissé vers le sol envahi par la stupeur et la sueur. « Rien ne sert d’organiser ces genres de cérémonies. Il faut plutôt empêcher les enfants d’aller se faire tuer », s’offusque un homme, déçu de la situation de nos soldats.

Les corps sont enlevés pour l’inhumation. Des militaires tenaient les cercueils et d’autres tenaient les photos des disparus. Tous à la recherche de la nouvelle demeure du défunt. Ils laissaient descendre les corps dans les tombes à l’aide de cordes. Les parents des victimes se sont donc mis à la recherche de la tombe de leur proche. « C’est la tombe de Gouem ici ? », me demande un vieillard avançant difficilement vers moi sous le poids de son âge, le bonnet blanc sur la tête et le coup enveloppé d’un foulard noir. Le visage triste et calme. « Non, ici c’est Ouédraogo K. Gilles », lui ai-je répondu. Il traversait la foule et continuait à chercher la tombe de son proche.

Les femmes retenaient difficilement leurs larmes. Surtout Mme Lamizana/ Sanou Clothilde, sœur du défunt Sanou Hurbain. Tenant la photo de son frère dans ses mains, les larmes qui avaient badigeonnés son visage finissaient leur course sur ses lèvres. Le mouchoir à la main, elle prenait le soin de les essuyer. « ça mort est une perte pour nous parce qu’il est très jeune », a-t-elle lâché avant de lancer un grand soupir. « Nous avons toujours dit de ne pas faire partir les jeunes dans ces zones dangereuses. Il faut plutôt envoyer des grands… », a-t-elle prononcé, la voix tremblante et débordée de détresse. Visiblement, la douleur se lisait sur son visage.

Quand l’inhumation a commencé, tout le cimetière était couvert d’un grand nuage de poussière. Nous nous retirons donc !

Armand Kinda

Infowakat.net

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