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Interview présidentielle du 24 juin : Mémoire en défense d’un futur candidat

Le 24 juin 2018, Roch Marc Christian KABORE était face aux burkinabè. Ou plutôt face à trois journalistes : Jean Emmanuel OUEDRAOGO de la Télévision nationale, Alain Aubin GUEBRE et Ismaël OUEDRAOGO des télévisions privées BF1 et Burkina Info.

Plus d’une heure d’entretien ponctuée par un enchaînement de questions réponses sur des sujets relatifs à l’actualité nationale. Il est vrai que la conjoncture actuelle dans le pays commandait effectivement que l’Exécutif sorte de sa réserve pour donner sa lecture des événements.

Mais est-ce vraiment cela (les mouvements d’humeur à répétition des syndicats, la situation sécuritaire  délétère dans le Sahel, la cacophonie dans le système judiciaire, l’Economie à la peine…)  qui a justifié l’exercice en lui-même ou s’agit-il plutôt d’une coïncidence par rapport au timing de ce face-à-face médiatique ?

La réponse se trouve probablement dans les dernières notes de l’interview. En parlant de communication de « mi-mandat », l’un des interviewers  n’a fait que révéler la simple évidence. Qui sera d’ailleurs confirmée par le Président en personne.

En effet, il est de notoriété que le Chef de l’Etat, élu en novembre 2015 pour un premier mandat de cinq ans, aborde depuis peu la seconde et dernière moitié de son premier quinquennat constitutionnellement autorisé. Par conséquent on comprend aisément que le moment était  des plus opportuns pour lui et ses collaborateurs d’esquisser un bilan d’étape de son action.

Etant entendu, comme il a souligné en répondant à une question qui lui a été posée, qu’il compte bien se représenter en 2020 pour un second mandat à la tête du pays. Et que ceux qui réclament qu’il s’efface ou qu’il jette l’éponge se le tiennent pour dit : Il sollicitera bel et bien un nouveau bail à la Présidence du Faso.

                                       Anniversaire et bilan à polémiques

Ces 2 ans et demi de présence à Kosyam,  Roch Marc Christian KABORE aurait sans doute aimé qu’ils interviennent dans un contexte plus favorable pour lui. Malheureusement cela n’a pas été le cas.

Pour le reste, et au-delà de la forme de communication choisie par la Présidence (une table circulaire sous la laquelle on voit de temps à autre le Chef de l’Etat balancer négligemment les pieds) rien de nouveau n’a visiblement émergé de l’affaire.

Sur tous les points évoqués c’est un président parfois badin,  qui n’aura pas varié par rapport à sa stratégie adoptée depuis le début de son mandat. En prenant très souvent la défense de ses ministres contre l’opinion nationale il donne l’impression d’être dans une bulle et de se couper de la réalité. En essayant de montrer que le navire Burkina a un capitaine à bord et que les syndicats du ministère de l’Economie et des Finances devaient sursoir à leur mot d’ordre de grève pour travailler dans l’intérêt du pays, il prêche dans  un brouhaha de contestations, qui rend presqu’inaudible son message prononcé sans gendre conviction. Ou encore en tentant de justifier les difficultés actuelles d’accès à l’énergie par le fait que les burkinabè possèderaient des ventilateurs et des climatiseurs, ce sont les millions de citoyens des couches vulnérables qui risquent de se sentir offensés.

Sur l’éventualité d’un lifting  à opérer au sein des institutions dont  le caractère pléthorique est une réalité, le Président a exclu cette hypothèse, au risque de ne pas se faire comprendre par ses concitoyens. Le Haut Représentant du Chef de l’Etat apparait ainsi comme n’étant pas une institution de la république, tout en ayant paradoxalement rang de Chef d’institution. Comprend qui pourra. En 2015 le candidat KABORE avait lui-même pris l’engagement de rationaliser le nombre d’institutions. Depuis lors tout porte à croire que les anciennes méthodes ont de toute évidence refait surface.

Sur la question de la Transition et de la bonne gouvernance, le Président s’est encore une fois enfermé dans les mêmes contradictions. Tantôt l’Etat apparait comme étant une continuité (sur la question du statut des magistrats notamment) tantôt elle est évidente une rupture. Bref  c’était  parfois laborieux.

Quid alors de certaines promesses faites en direct (le référendum constitutionnel en 2019, le vote des burkinabè de l’extérieur en 2020) alors-même que certains engagements pris il y a de cela un peu plus de deux ans ont du mal à être actés. En tout cas ils ne contribueront sans doute pas à faciliter la tâche au régime actuel sinon qu’à lui mettre davantage de pression.

Comprenant bien la délicatesse de l’affaire et probablement les attentes déçues de certains burkinabè par rapport à la question de la demande sociale et de la redistribution, un ministre s’est pour sa part borné à affirmer que le Président n’avait pas cherché à convaincre  mais  plutôt à rassurer.

Sur la question de la rupture des relations diplomatiques entre Taiwan et le Burkina, le Président  a enfin révélé un secret de polichinelle : la diplomatie burkinabè a bel et bien été l’objet d’intenses pressions pour la contraindre à renouer avec Pékin. Ne voulant pas se mettre à dos les autres pays du continent Ouagadougou a  donc fini par céder.

Jules SIMON

infowakat.net

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