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Modification du Code électoral : « Il ne faut pas faire de fixation sur les burkinabè de Côte d’Ivoire », Ali Badra Ouédraogo

L’adoption de la loi portant modification du Code électoral par l’Assemblée nationale continue de susciter la polémique. Alors que l’opposition dénonce un boulevard ouvert pour de fraude massive, la majorité se félicite de l’adoption de la loi. A cet propos, Ali Badra Ouédraogo, président du Rassemblement des patriotes pour le renouveau, RPR, parti membre de la majorité présidentielle a accordé à infowakat.net un entretien, où il donne son avis sur l’adoption de la loi modificative du Code électoral. Il revient également sur l’attitude de l’opposition. Lisez-plutôt !

Le 30 juillet dernier, l’Assemblée nationale a voté la modification du Code électoral, quelles appréciations faites-vous ?

Le vote de cette loi est à notre avis la finalisation de tout un processus qui démarré depuis un certain temps avec les différentes rencontre entre l’opposition et la majorité, d’abord au niveau ministère de l’Administration, ensuite le président du Faso, soucieux de l’esprit de consensus a pris le relais. Il y a eu une série de trois rencontres et j’ai eu la chance de participé à ces trois rencontres. Je pense qu’évidemment que lorsque la classe politique n’arrive pas à trouver un consensus sur un sujet majeur comme celui du Code électoral, étant donné que nous sommes dans un système démocratique, la logique voudrait effectivement que cette question soit déposée au niveau l’Assemblée nationale qui est le creuset par excellence de démocratie plurielle dans notre pays pour qu’elle puisse statuer.

« C’est une injustice majeure qui avait longtemps été posée à nos compatriotes de l’extérieur »

Il faut reconnaitre que l’adoption de la modification du Code électoral est une avancée majeure dans la démocratisation au Burkina Faso, parce que cette loi a une histoire, il avait été codifiée dans Constitution depuis de lustre et c’est maintenant qu’elle a été actée, je crois qu’à partir de 2020 les Burkinabé de la diaspora vont pouvoir voter. C’est un acquis démocratique majeur qu’il faut mettre au compte de la gouvernance voulu par le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Notre appréciation est positive et nous pensons également que c’est une injustice majeure qui avait longtemps été posée à nos compatriotes de l’extérieur qui contribuent fortement au développement du Burkina Faso et qui n’ont jamais eu effectivement cette possibilité de s’exprimer sur le choix des dirigeants au niveau du pays. Nous pensons que c’est une grosse injustice qui a été réparée, voilà pourquoi nous saluons à sa juste valeur l’adoption de cette loi.

Lors de la plénière l’opposition a claqué la porte pour marquer son désaccord sur certaines nouvelles dispositions ? Quels commentaires faites-vous de cette attitude ?

Dans jeu démocratique cela n’est pas nouveau, il vous souviendra que ce n’est la première fois que l’opposition claque. Je crois aujourd’hui que tout burkinabé est conscient que la démocratie est le pire de régime à l’exception des autres et on doit se convaincre et accepter que ce jeu se fasse de cette manière. De toute façon nous avons estimé que la politique de la chaise vide n’est la meilleure posture qu’il faut adopter mais, en tant que majorité notre rôle n’est pas d’éduquer l’opposition qui regorge aussi d’hommes politiques valables, donc c’est leur façon d’apprécier la situation et ils sont sortis. De toute façon, ce que nous retenons, c’est qu’au début, il y a eu cette volonté de chercher le consensus, je crois que toutes les parties prenantes ont été auditionnées par la commission chargée de la question. J’ai donc la chance de faire partir de la délégation de la majorité au niveau de cette audition il y a même que séance tenante, des députés de l’opposition qui ont reconnu avec nous que leur de la position de départ à maintenant les lignes ont bougé et qu’il fallait aller à l’essentiel. L’essentiel pour eux, c’est qu’il est acté que les Burkinabè de la diaspora pourront voter, maintenant les questions liées aux mécanismes opérationnels sont des décisions qu’on pourrait toujours revoir. Vous retenez avec moi, que toutes les commissions au niveau de l’Assemblée nationale ont donné un avis favorable pour le vote de cette loi.

« Il ne faut pas faire de fixation sur les burkinabé de Côte d’Ivoire »

On ne peut pas comprendre qu’en amont des discussions aient été menées et que toute les  parties prenantes soient d’accord, nonobstant de petits détails et l’opposition décide de boycotter. C’est une stratégie qui a été ourdie depuis longtemps et l’objectif était de se retirer avec beaucoup de bruit et prendre en otage le processus qui avait été mené avec beaucoup de minutie. Nous comprenons. C’est une position politicienne et nous aussi en tant que politique, nous nous réservons le droit de donner une réponse politique à cela. De toute façon, les questions qui sont querellées restent posées, car pour nous aucun débat dans les systèmes démocratiques n’est fermé. Les débats vont se poursuivre, mais dans climat beaucoup plus apaisé et de confiance mutuelle et il faut que les différents acteurs eux également soient responsables. Parce que dire que la carte consulaire est un document fiable qu’il faut donc forcément le retenir comme étant un document de votations, nous ne sommes pas forcément contre. Ce n’est qu’en Côte d’Ivoire et même en Côte d’Ivoire ce n’est pas tous les burkinabé  qui y résident qui ont la carte consulaire. Etant donné que la loi quand elle est votée elle a une nature impersonnelle et elle a une portée générale, on ne peut pas vouloir avoir cette ambition d’uniformiser le document de votation et de permettre des burkinabé de Côte d’Ivoire, tout au moins qu’une partie vote avec la carte consulaire biométrique alors qu’a côté, au Ghana où il y a beaucoup de burkinabè aussi, ils n’ont pas de carte consulaire biométrique. Lorsque vous regardez le quota de 500 burkinabé pour ouvrir un bureau de vote, il y aura que 13 pays dans le monde entier qui seront concernés et qui vont participer au vote. Il y a 9 pays au niveau de la zone Afrique, 3 au niveau de la zone Europe et il y a les Etats unis avec New York. Nous pensons qu’il ne faut pas faire de fixation sur les burkinabé de Côte d’Ivoire en occultant l’ensemble des pays dans lesquels les burkinabè résident.

« Il y a un plan machiavélique que les gens sont en train d’ouvrir à partir de la Cote d’Ivoire »

C’est pour cela que nous disons que s’il y a effectivement tout cette hargne pour que la carte consulaire biométrique soit retenue, c’est parce qu’il y a un plan machiavélique que les gens sont en train d’ouvrir à partir de la Cote d’Ivoire. Nous faisons cette remarque et ce n’est pas un argument de poids pour nous, l’argument de poids pour nous est qu’il y a une loi qui a été votée et qui dit que désormais pour participer élections au Burkina Faso, il faut faire la preuve de sa nationalité en apportant deux documents la CNIB et le passeport. Nous avons deux ans et je crois que le gouvernement a prévu des mécanismes qui vont se déployer dans les différents pays pour pouvoir faire enrôler nos compatriotes afin de les donner les documents nécessaires. Pour nous, le débat est terminé à ce niveau. Si la classe politique est honnête elle devait s’inscrire dans cette logique et appeler à la mobilisation et aller dans ces pays pour sensibiliser nos compatriotes pour qu’ils puissent s’enrôler afin de participer aux élections. Rester ici au Burkina, sans avoir même la lecture que les principaux concerner, à savoir les burkinabé de l’extérieur font de la situation, c’est faire des bagarres par procuration. C’est pour cela que nous disons qu’il faudrait qu’on puisse savoir raison gardée.

L’opposition estime également que les nouvelles dispositions du Code électoral est un boulevard pour une fraude massive que répondez-vous ?

Quand vous écoutez les propos qui sont tenus par le chef de file de l’opposition, c’est ahurissant d’autant plus que ce même monsieur, le 14 novembre 2013, dans un mémorandum adressé au président du Faso, à l’époque Blaise Compaoré faisait ressortir son inquiétude par rapport à la fiabilité de la carte consulaire et le 10 mars 2017  lorsque le ministère de l’Administration a commencé les auditions des partis politiques sur le Code électoral, le chef de file de l’opposition a transmis un document daté du 10 mars 2017 au ministre de l’Administration pour lui faire comprendre que sa volonté était qu’on puisse retenir uniquement le CNIB comme document des votations. On ne peut pas comprendre que comme girouette, les gens au gré de leur intérêt changent. C’est pour cela que j’appelle la jeunesse du Burkina Faso de faire attention aux hommes politiques parce que aujourd’hui, on veut faire comprendre aux burkinabè de la diaspora que le gouvernement actuel, c’est-à-dire le MPP avec sa majorité sont dans une logique où ils veulent exclure certains burkinabè, c’est hautement dangereux. On veut faire comprendre que c’est l’opposition seule qui s’intéresse à la question des Burkinabé.

« Les Burkinabè de l’extérieur ont toujours eu des problèmes, mais nous n’avons pas entendu l’opposition »

Les Burkinabè de l’extérieur ont toujours eu des problèmes, mais nous n’avons pas entendu l’opposition, je prends l’exemple de la Côte d’Ivoire avec l’histoire du mont Péko, est ce que nous avons entendu l’opposition sur cette question ? Mais nos compatriotes ont subi des exactions d’autres mêmes sont morts, mais on n’a pas entendu l’opposition sur ça. Ce n’est pas aujourd’hui parce qu’on a des intérêts politiciens que l’on veut faire croire que c’est l’opposition qui qu’occupe plus des Burkinabé de l’extérieur et la majorité n’en a rien à faire. Non ! Il faut arrêter ce débat qui ne nous grandi pas et aller à l’essentiel, à savoir comment on peut trouver des mécanismes pour que l’essentiel des Burkinabé de l’extérieur qui souhaitent participer au vote puissent le faire, comment arriver de façon opérationnelle à disponibilité des bureaux de vote accessibles à nos compatriotes. Ce sont là des questions que l’on peut poser sur la table et discuter. Je crois que la CENI qui est chargée des opérations pourra effectivement, en son sein prendre ces différentes préoccupations. Mais dire que si l’on ne retient pas la carte consulaire il faut passer sur nos corps, ce ne sont pas des arguments responsables et il faut savoir qu’au Burkina Faso nous avons connu notre histoire, elle a été jalonnée par beaucoup de difficultés, nous peinons à revenir à la surface et il faut éviter un tel spectre au burkinabè.

« Le Burkina Faso n’est pas l’apanage des politiciens »

La classe politique doit savoir que le Burkina Faso n’est pas l’apanage des politiciens, il y a des gens dans ce pays qui ne sont pas convaincus par la classe politique, c’est ce travail que nous devons gagner. Nous ne sommes pas assez représentatifs pour  qu’à chaque moment, si nos intérêts sont en jeux, vouloir prendre en otage l’avenir de ce pays et l’avenir des burkinabé. Je dis non ! Nous avons des difficultés  et travailler tous ensemble de façon responsable pour préserver la cohésion sociale, c’est quelque chose que nous pouvons permanemment avoir à l’esprit et ne pas franchir le Rubicon, car  personne ne gagne dans ce cas de figure.

G. Maurice BELEMNABA et Ousmane OUEDRAOGO (stagiaire)

Infowakat.net

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