Naïm Touré était à la barre ce mercredi 27 juin 2018 au palais de justice de Ouagadougou pour avoir « incité » les forces armées nationales à la révolte à travers son écrit posté sur le réseau social facebook en date du 13 juin 2018 où il invitait la gendarmerie en particulier, à prendre ses responsabilités face à la situation que traversait un pandore qui traine une balle dans son corps après l’opération du démantèlement du réseau de terroristes qui a eu lieu le 22 mai dernier au quartier Rayongo de la capitale burkinabè.
La défense a marqué sa consternation face à l’acharnement fait sur Naïm Touré par rapport à son écrit qui, selon elle, n’avait pour but que de contribuer à améliorer les conditions de vie et de travail des forces armées nationales.
Me Ambroise Farama, dans sa plaidoirie après les réquisitions du procureur à l’audience de ce jour (12 mois ferme requis contre l’accusé), s’est indigné de la tournure des évènements. Pour lui, le poste de Naïm Touré avait pour but de contribuer à l’amélioration des conditions de vie et de travail des FDS, mais aussi à sauver les vies des citoyens burkinabè. Dans cette dynamique, il aurait voulu voir son client être accueilli par le président du Faso comme l’a été Mamadou Gassasma en France avec le président Macron pour avoir sauvé la vie d’un seul enfant français. « Ici au Burkina Faso, Naïm Touré a contribué à sauver des vies de Burkinabè mais son patriotisme n’a pas été reconnu », déplore-t-il.
« Naïm Touré ne mérite pas ce procès »
Pour Me Olivier Yelkouni de la défense, « Naïm Touré ne mérite pas ce procès » au regard de son engagement dans la lutte pour la bonne gouvernance. Il a dans sa plaidoirie demandé la relaxation de son client. Comme lui, Me Batibié Benao a estimé qu’il s’agit ici d’un procès sur un sujet tabou. « Tabou parce qu’à tout ce qui touche à l’armée on doit fermer les yeux », explique-t-il. Rappelant que c’est l’accumulation des frustrations qui ont conduit à l’insurrection populaire d’octobre 2014 au Burkina Faso, il a indiqué que si l’on ferme les yeux à ce qui se passe souvent, « si ça pète, nous allons tous subir …».
Sur les infractions retenues contre Naïm Touré à savoir, « participation à une entreprise de démoralisation des forces armées nationales ; offre non aggravée de complot ; incitation de trouble à l’ordre public », Me Benao a estimé que ces infractions ont été le résultat des sentiments du procureur du Faso. « On ne peut pas rendre justice avec les frissons de la chair », a-t-il martelé, rappelant que « nous venons de loin et (qu’) il ne faut pas recommencer ».
« Quel gâchis d’avoir mobilisé tant d’énergie pour venir constater qu’il n’y a rien », soupire un avocat de la défense, demandant au président du tribunal de constater qu’ « il n’y a pas d’infraction » dans ce dossier et de relaxer Naïm Touré. Me Prospère Farama, s’inscrivant dans cette même logique, a pour sa part indiquer qu’il serait « faux » de dire que Naïm Touré a incité ou démoralisé des gens. « Avez-vous déjà vu un coup d’Etat qu’on fait sur facebook ? », interroge-t-il avant de demander la relaxation pure et simple de son client.
Le tribunal a renvoyé le délibéré de l’audience au mardi 3 juillet prochain.
Armand Kinda
Infowakat.net
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