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Opinion: Restons vigilant pour la sauvegarde des acquis de l’insurrection d’octobre 2014 et exigeons la fin de l’impunité

C’est avec stupéfaction que le peuple burkinabè apprenait le 28 avril 2016 à travers les médias, la levée des mandats d’arrêt contre le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro et Fatou Diendéré, l’épouse du général putschiste Gilbert Diendéré, tous deux impliqués dans le coup d’État de septembre 2015 qui a endeuillé notre pays. Avec justesse, les insurgé/es d’octobre 2014 se demandent si le Burkina n’est pas revenu au temps de l’impunité et de la collusion entre l’exécutif et l’appareil judiciaire.

Le 22 avril 2016, la publication du rapport de l’audit de transition a révélé de graves manquements dans la gestion des biens publics. Ne perdons pas de vue que les responsables de la transition en l’occurrence l’ancien premier ministre Isaac Yacouba Zida n’a fait que suivre la voie du régime de Blaise Compaoré. Ce qui est plus condamnable et révoltant, c’est le fait que le peuple burkinabè s’est battu et s’est sacrifié pour rejeter le système Compaoré comme mode de gouvernance. Malheureusement, il a été trahi par ceux qui étaient censés défendre ses intérêts. Tel que le recommande le rapport, il faudrait que les parcelles qui avaient été indûment attribuées soient retirées, car c’est du vol. Il faudrait aussi que ceux qui se sont rendus coupables de malversations soient traduits en justice et soient sévèrement sanctionnés. Il faut se rappeler que sous l’ère de Blaise Compaoré, le pillage systématique de nos ressources était de règle. Souvenons-nous de « la belle-mère nationale » Alizèta Ouédraogo qui avait fait main basse sur des hectares de terrain au détriment des populations et de l’État et jusqu’à présent, aucune action en Justice n’a été entreprise contre elle. Il faudrait faire un audit des lotissements depuis 1987. Rappelons-nous que le président Sankara avait prévu une ceinture verte autour de Ouagadougou et des espaces verts, ce qui fut une décision avant-gardiste dans la lutte contre la désertification. Pourrions-nous savoir ce qu’il est advenu de ces espaces?

 

Radio Liberté/ Ouaga sur sa page Facebook du 14 mars 2016 révélait que l’ancien président Michel Kafando et son 1er ministre Isaac Zida auraient empoché chacun 11 millions de FCFA tandis que chaque ministre de la transition aurait eu la somme de 8 millions CFA  en sus de ce qui leur est dû selon les textes. À ce jour aucun / aucune ministre n’a démenti ces informations. Si cela s’avère exact, il est déplorable qu’après le sang versé par nos martyrs(res), ces responsables de la transition se comportent d’une manière aussi indigne. Nous demandons que ces sommes indûment perçues soient immédiatement et totalement remboursées.

 

 

Rappelons-nous qu’une des causes de l’insurrection populaire d’octobre 2014 était le rejet de l’impunité octroyée aux responsables des crimes de sang et des crimes économiques. Le peuple réclamait la Justice. Au lendemain de l’insurrection, le peuple burkinabè a exigé de notre Justice et des autorités de la transition la lumière sur tous les crimes de sang et tous les crimes économiques, afin de tourner les pages sombres du régime Compaoré. Cette quête de vérité et de justice a abouti à la réouverture du dossier de l’assassinat de Norbert Zongo,  ainsi que de celui de l’élimination de Thomas Sankara, avec des mises en accusation. Le peuple a aussi exigé toute la lumière sur les évènements des 30, 31 octobre et 1er novembre 2014 et du coup d’État de septembre 2015 afin que Justice soit rendue à nos martyr/es.  Sans le sacrifice suprême de notre peuple, il n’y aurait pas eu d’élection démocratique et les autorités actuelles ne seraient pas là. Cependant, c’est avec regret que nous constatons que depuis l’arrivée du MPP au pouvoir, les procédures au niveau de la Justice piétinent et pire, le déni de justice se poursuit, comme le prouve l’annulation des mandats d’arrêt délivrés contre les complices des assassins. Sommes-nous revenus à l’ère du festin avec le diable? Que le MPP sache que le vaillant peuple du Burkina reste vigilant et sera intransigeant avec n’importe quel fossoyeur de son exigence de Vérité et de Justice.

 

Si un audit de la transition a été fait, le peuple burkinabè est en droit d’exiger un audit des 27 ans de règne de Blaise Compaoré où la gabegie, la corruption, le pillage des ressources étaient le mode de gouvernance. Nous devrons exiger l’audit de tous les ministères, des grands projets, des ambassades, etc, afin qu’aucun voleur quelque soit sa position sociale n’ait de répit  et rende compte. La loi doit s’appliquer à tous et toutes.

 

Nos magistrats qui ont fait preuve d’une détermination remarquable pour obtenir une augmentation subséquente de leur salaire, sauront-ils être à l’écoute de la soif de Justice de notre peuple? Vont-ils avec la même détermination exiger qu’on extirpe de leur rang leurs collègues corrompus et ceux qui étaient de connivence avec le régime de Blaise Compaoré? Vont-ils demander qu’on sanctionne sévèrement les magistrats qui ont torpillé les dossiers de Thomas Sankara, Norbert Zongo, David Ouédraogo et bien d’autres dossiers? L’indépendance de la Justice qu’ils réclament, c’est aussi se mettre du côté du peuple et de dire le droit dans toute sa rigueur et sa splendeur. Les anciens, tout comme les nouveaux voleurs des deniers publics ainsi que les assassins doivent être sévèrement punis. Nul ne peut être au-dessus de la loi. Si les magistrats n’y prennent garde, la magistrature sera une des cibles de la prochaine insurrection.

 

 

Le peuple burkinabè doit rester vigilant et exiger que toute la lumière soit faite sur les crimes de sang et les crimes économiques. En tant que peuple, nous devrons exiger une justice sociale et une meilleure répartition des richesses, seules garantes de la stabilité et de la sécurité nationales. L’annulation des mandats d’arrêt et les tentatives de contrôler la Justice sont une occasion pour nous de nous unir et de nous mobiliser contre toute tentative de remise en cause des acquis chèrement acquis de l’insurrection populaire d’octobre 2014.

 

Nan laara, An sara!

Christine Paré

Christine_pare@yahoo.fr

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