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Procès putsch : « On ne m’a pas formé à faire du mal à qui que ce soit », soldat Soulama

 Le jeune soldat de deuxième classe, Soulama Seydou, qui a accusé l’armée hier à la barre dans les difficultés qu’il traverse depuis maintenant plus de deux ans, est encore passé à la barre ce mercredi 18 juillet 2018 pour son interrogatoire. Il a maintenu ses déclarations d’hier insistant sur le fait que l’on tienne plutôt compte de ses propos à la barre au détriment de ceux tenus devant les juges d’instruction. Il a indiqué ce matin qu’il « n’a pas été formé à faire du mal à qui que ce soit ».

Le soldat Soulama a rejeté tous « ses » propos consignés dans les procès-verbaux d’audition. Au regard des réponses qu’il donnait à la barre, le parquet militaire a estimé que l’accusé s’est inscrit dans une « logique de négation ». Mais l’accusé a fini par s’emporter avant d’être interpellé par le président du tribunal qui lui a demandé de répondre simplement aux questions, où de décider de ne pas répondre car c’est aussi son droit. « Je m’en excuse si j’ai offensé quelqu’un que ce soit par mes paroles ou mes gestes. Je demande de me comprendre pour ce que je traverse », a soutenu l’accusé avant d’expliquer que les soldats sont recrutés sans un niveau d’instruction. Certains d’entre eux ne peuvent même pas parler le français, qui est la langue officielle, la langue dans laquelle la formation est faite. « Dans notre formation on se débrouille. Celui qui comprend un peu le français doit expliquer le cours dans sa langue à son binôme. Ces personnes ne peuvent rien comprendre dans votre histoire de droit, d’article ou autre. Quand le procureur parle d’articles, je pense qu’on doit organiser une campagne de sensibilisation pour dire aux soldats : “ N’exécutez pas les ordres comme on vous a appris depuis la base”. Je ne suis pas venu ici pour me foutre de qui que ce soit. Je relate les faits tels que je les ai vécus », explique l’accusé.

La légalité ou pas de l’ordre à exécuter

L’accusé à la barre a reconnu avoir été à la mission sur Zorgho avec son chef, le sergent-chef Zerbo Lahoko Mohamed. Au studio Abazon de son « artiste préféré » Smokey, il s’y est rendu également avec son chef. Il dit n’avoir jamais fait usage de son arme encore moins d’un tire à la roquette même si le parquet militaire persiste et signe qu’il serait celui qui a tiré sur le studio avec une roquette.

Sur la question de l’exécution ou pas de l’ordre militaire dans certaines circonstances, l’accusé a fait savoir qu’il n’a jamais reçu une formation qui lui permettait de désobéir à son chef. « Les chefs aiment nous dire : Nous on réfléchit pour vous. Faites, nous on va réfléchir à votre place », a confié le soldat Soulama. « Et si votre chef vous dis de sauter dans un trou, allez-vous sauter ? », lui a demandé un membre du parquet militaire. « S’il me dit de sauter dans un trou, c’est un intellectuel, je ne sais pas s’il a plié un chiffon pour mettre dans le trou pour m’essayer voir. Je vais sauter et si je saute dans le trou et que je meurs, il va prendre ses responsabilités et assumer ma place. Il va prendre en charge ma famille, ma femme et mes enfants », a répondu l’accusé, ajoutant que dans sa formation, il arrive souvent que son chef lui donne même l’ordre d’aller terrasser un arbre tout en sachant qu’il ne pourra jamais terrasser l’arbre. « Souvent je lutte avec l’arbre du matin jusqu’au soir avant que le chef me dise de revenir et de laisser l’arbre », a-t-il ajouté.

Me Prospère Farama de la partie civile, prenant l’exemple sur ce qui se passe en France, a indiqué qu’il y a des généraux là-bas (France) qui se sacrifient pour sauver des vies. « Mais ici on a l’impression que nos officiers formatent nos soldats pour nous malmener. Ici il y a des militaires qui pensent que la république c’est  leurs chefs, ou que les autorités, ce sont leurs chefs », a-t-il regretté. « Avant d’être militaire j’étais civil. On ne m’a pas formé à faire du mal à qui que ce soit. J’ai été formé à sauver des vies. (…) Je vous dis ce que j’ai vécu (et) je ne vous dis pas de me croire », s’est défendu le soldat Soulama.

La partie civile a donc estimé que l’accusé se comportait en « victime » à la barre comme s’il ne se reprochait rien dans cette affaire du putsch. « Je priais Dieu pour que ce procès arrive afin que je puisse m’expliquer », a soutenu l’accusé.

Les faits de meurtres et de coups et blessures volontaires ? L’accusé ne reconnait pas avoir touché ou tué quelqu’un. « Monsieur le président, je n’ai pas touché ni tiré sur qui que ce soit », assène-t-il.

L’accusé s’est défendu seul à la barre sans que son conseil ne pipe mot. Nous y reviendrons avec plus de détails sur le silence de l’avocat fasse à la défense de son client.

Armand Kinda

Infowakat.net

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