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Sahel : comment les groupes armés s’approvisionnent en armes ?

Georges Berghezan chercheur au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), un centre de recherche et d’information indépendant belge sur les problèmes de paix, de défense et de désarmement dans la perspective de l’amélioration de la sécurité internationale en Europe et dans le monde, à dans une interview répondu à cette question sur rfi.

« Concernant les origines des armes industrielles, elles sont très diverses. Par exemple, pendant la guerre civile en Côte d’Ivoire, le président Blaise Compaoré [ancien président du Burkina Faso, ndlr] soutenait les rebelles nordistes [de Côte d’Ivoire] et il y a eu de gros flux d’armes du Burkina Faso vers la Côte d’ivoire. D’après les rapports de l’ONU, la majorité des armes qui ont été transférées depuis les arsenaux de l’armée du Burkina Faso vers la Côte d’Ivoire étaient des « Types 56 », c’est-à-dire la version chinoise de la Kalachnikov. Il y avait aussi des modèles AK (Kalachnikov) provenant de Pologne, des pistolets HK (Heckler & Koch) d’origine allemande mais produits aux Etats-Unis, et des munitions fabriquées en Serbie et en Roumanie.

Il y a aussi des réseaux de trafic avec des groupes hautement organisés qui opèrent dans le Sahara ou sur un axe est-ouest et qui se caractérisent par ce qu’on appelle les « poly-trafics » car ils combinent les armes avec d’autres produits, comme les stupéfiants, par exemple le haschisch marocain à destination de l’Égypte et du Moyen-Orient, ou la cocaïne d’Amérique du Sud qui transite par le Sahel à destination de l’Europe.

Il y a le petit trafic, qu’on appelle le «  trafic de fourmis », qui souvent se mêle au trafic de migrants, très actif dans les zones frontalières. Ces zones sont souvent des centres du trafic d’armes, comme par exemple dans le nord de la Côte d’Ivoire sur les frontières avec le Mali et le Burkina Faso.

Mais de mon point de vue, la principale source d’approvisionnement, celle qui compte au moins pour moitié dans certains pays, c’est le trafic provenant des arsenaux des forces de sécurité. Evidemment, il y a eu la Libye, où les arsenaux gouvernementaux libyens se sont vidés. Mais dans des pays comme le Mali et le Niger, les forces de sécurité perdent ou vendent leurs armes au profit de groupes armés, de criminels et de jihadistes. Les arsenaux des armées de ces pays sont sans doute la source majeure d’approvisionnement en armes illicites. 

Les transferts d’armes entre Etats peuvent aussi être officiellement autorisés par les gouvernements au profit d’autres gouvernements, et détournés vers d’autre destinations, comme cela a été le cas par exemple au Burkina Faso. Officiellement, les armes étaient envoyées au Burkina Faso qui était un pays stable et elles étaient détournées vers le Liberia ou la Côte d’Ivoire en guerre. 

Une Kalachnikov au Sahel coûte entre 65 500 et 131 000 FCFA. Si on compare avec d’autres zones, c’est beaucoup moins cher. 

La plupart des armes industrielles en Afrique viennent d’Europe de l’Est et de Chine.  Au Sahel, 95% des fusils d’assaut sont des Kalachnikovs, le reste sont des armes de fabrication occidentale.

Les sources de revenus sont les trafics. Si on prend l’exemple des jihadistes qui n’ont que des armes automatiques, ils escortent par exemple les trafiquants contre rémunération pour s’autofinancer. 

Aujourd’hui au Sahel, les armes proviennent essentiellement du détournement des forces de défense ou de sécurité de ces pays ou des pays voisins. Il y a eu beaucoup de détournements, volontaires ou involontaires, des arsenaux.

Il y a bien évidemment aussi les prises au combat. En 2012 au Mali, ça été gigantesque. D’autre part, il n’y a pas que les détournements volontaires ou organisés des arsenaux des forces de défense et de sécurité. Il y a bien évidemment aussi les prises au combat. Les Forces armées maliennes (FAMA) se sont enfuies devant l’avancée des jihadistesLes Forces armées maliennes (FAMA) se sont enfuies devant l’avancée des jihadistes ».

Avec rfi

Fariska Barsan 

Infowakat.net

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