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Tentative de libération du « Golf » : Reportage à la justice militaire

Le procès du caporal Madi Ouédraogo ainsi que de ses acolytes au nombre de 28 a débuté le mardi 20 décembre 2016 à la Justice Militaire de Ouagadougou. A 8h 00 min nous étions déjà à la justice militaire pour assister à ce procès tant attendu par les populations Burkinabè. Nous vous proposons un petit reportage sur les lieux.

En rappel, le Caporal Madi Ouédraogo ainsi que 28 personnes ont été inculpés, d’une part d’associations de malfaiteurs et de détention illégale d’armes à feu et de munitions d’autres part pour avoir organisé des réunions de conspiration pour la libération du général Diendéré, surnommé Golf.

A 8h 00, pendant que nous faisions notre entrée au tribunal militaire de Ouagadougou, une affiche nous accueille à la porte. « Article 403 du code de procédure pénale : Dès l’ouverture de l’audience, l’emplois de tout appareil d’enregistrement ou de diffusion sonore, de caméra de télévision ou de Cinéma, ou d’appareils photographiques, est interdit sous peine d’amende de 50.000 à 9 millions, qui peut être prononcée dans les conditions prévues au titre VIII du livre IV », telle était en substance ce que relatait l’affiche. « A ne pas négliger », s’exclame un militaire posté à la porte du tribunal. J’ai tout de suite mis mon téléphone portable sous silencieux. Je n’ai même plus osé faire sortir ni mon appareil photo ni mon dictaphone. Nous avançons vers l’intérieure du tribunal. « Messieurs venez par-là », nous interpelle un militaire posté à la porte, l’arme bien serrée à sa ceinture. Il tenait un détecteur de métal. « Déposez votre sac par-là », m’a-t-il ordonné. Nous suivions normalement leurs instructions. C’était une fouille. Nous nous sommes fait fouiller à la porte avant d’avancer encore à l’intérieur du tribunal. Mais à quelques pas de la porte, des militaires étaient encore là. Nous nous soumettons à la même fouille, mais cette fois-ci avec un passage au scanner. « Déballe ça », m’a ordonné un militaire. Il s’agissait en fait de mon appareil photo que j’avais emballé dans un torchon. Je le déballe et après vérification il me laisse passer.

Nous sommes maintenant aux escaliers qui mènent directement au lieu du jugement. Et sur les escaliers, des militaires sont encore postés çà et là et nous guidaient le lieu du jugement. Nous prenons enfin place dans le tribunal. Les accusés étaient déjà assis avec quelques-uns des avocats en charge de leur dossier. « Je m’adresse à tout le monde mais particulièrement à la presse. Dès que l’audience commence, personne n’est autorisé de prendre des photos, d’enregistrer ou de filmer quoique ce soit. Les instructions sont affichés derrière vous », explique davantage un militaire. Quelques minutes après, « il y a des interviews en bas », m’informe un confrère. La majorité des journalistes descendaient les marches pour l’interview. Et pendant que nous nous positionnions pour les interviews, nous entendons à travers l’équipement sonore posté dehors, « l’audience est ouverte ». Tout le monde s’est encore mis à gravir les marches pour regagner sa place au tribunal. « On nous a eu hein », ironisait un confrère. Il était 8h30 minutes quand le juge ordonne l’instruction de vérifier la présence des accusés. Au tribunal, la surveillance était optimale.

« Vous n’êtes pas là pour soutenir un accusé ou trahir un jugement. Vous allez dire la loi et rien que la loi. Rendez justice ! », a lancé un juge du tribunal militaire. Les juges accesseurs ont prêté serment de rendre justice comme le dit la loi. Une suspension d’une dizaine de minute a été faite après la prestation de serment.

A la reprise, les différents chefs d’accusations qui inculpent les accusés ont été dits par les juges. Le caporal Madi Ouédraogo et ses 28 autres acolytes sont accusés d’associations de malfaiteurs et de détention illégale d’armes à feu et de munitions. Particulièrement 12 personnes ont été accusées de détention illégale d’armes à feu et de munition de guerre.

Une idée sur les faits

Il a été révélé au cours de ce procès que le caporal Madi Ouédraogo (M.O) et ses acolytes organisaient des réunions nocturne chez lui. De cette accusation qui dit que des réunions de conspiration pour la libération de Golf étaient organisé par ces personnes, le juge a confié que tous les accusés ont reconnu de ne pas avoir avisé leur hiérarchie de leur projet. Et pendant que certains avouent avoir participé à ces réunions, d’autres par contre ont, soit nié les faits, soit affirmé qu’ils sont venus à la réunion sans connaitre l’ordre du jour. De ces réunions, il a été décidé, selon le juge, qu’un groupe allait attaquer le dépôt d’armes de Yimdi ; un autre groupe allait attaquer la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA) et le 3e groupe allait faire mener l’assaut à la gendarmerie. L’exécution de ce projet de libération de « Golf », à entendre le juge, était prévu pour le 31 décembre 2015. Auditionné sur l’affaire du projet de sa libération, « Golf » a affirmé avoir reçu Alassane Ouédraogo dit l’Hadji,  qui lui demandait de l’argent pour exécuter un sacrifice que lui avait recommandé un marabout pour sa libération, mais nie toute accointance à ce projet de conspiration pour son évasion.

Pendant que le juge citait les chefs d’accusation de ces différents accusés, les militaires assis à la porte du tribunal secouaient la tête. D’autres s’indignaient des différentes contradictions relevées dans les déclarations des accusés. « C’est pas la peine », s’indigne un militaire. Des bourdonnements étaient même entendus dans le monde posté autour des barreaux pour suivre le procès. « Ça toujours été comme ça », me souffle un confrère avant de poursuivre, « il y a des gens qui affirment leur implication et d’autre l’infirment ».

Après ces déclarations du juge, l’audience a été suspendue pour mercredi 21 décembre 2016 à 12heures.

Nous descendons les marches. Nous voudrions faire des interviews avec le commissaire du gouvernement et certains avocats en charge des dossiers des accusés. Plus d’une quinzaine de minutes, personne ne se présente à nous. « Ne prenez pas des photos », nous rappelle encore un militaire. « Tiens ça, même s’il ne revient pas nous allons le retrouver », martèle un militaire qui vient de retirer le téléphone portable d’un journaliste qu’il a surpris en train de prendre des photos. « Les photographes et les cameramen sortez ! », nous intime un autre militaire visiblement en colère. Quand nous nous dirigions à la porte, une autre voix s’élevait en direction des militaires qui se trouvaient à la porte du palais pour la surveillance. « C’est ma collègue de travail », lance un journaliste pour défendre une autre dont le potable venait d’être retiré par un militaire. Nous avancions à la porte. Des journalistes étaient toujours postés à la porte en attente de voire des avocats pour les interviews.

Armand Kinda

Infowakat.net

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