Porté à la tête de l’Union Africaine à l’issue du 30e sommet de l’organisation qui vient de se tenir à Addis-Abeba en Ethiopie, Paul Kagamé entend insuffler une nouvelle dynamique à l’institution panafricaine. Un vœu pieux ?
Paul Kagamé a pour lui une forme de légitimité. Celle acquise dans son pays, le Rwanda, aujourd’hui perçu par l’ensemble des observateurs comme un vrai modèle de réussite sur le continent africain. Avec notamment une économie qui se porte bien et des réformes structurelles qui produisent leurs effets sur le plan social.
Plus de deux décennies après la tragédie du génocide qui y a fait plus de 800000 morts, le pays des mille collines est désormais connecté en mode ‘’success story’’. Et c’est sans aucun doute ce pari d’un avenir radieux que les dirigeants de l’Union Africaine ont voulu faire en portant leur pair à la Présidence tournante de l’organisation.
Ce dernier veut d’ailleurs croire en ses chances de transformer qualitativement la structure. Plus facile à dire qu’à faire en réalité.
En effet, le continent africain, toujours dépendant de l’aide extérieure, reste encore largement balkanisé et divisé entre la cinquantaine de pays qui le composent et dont les intérêts sont aussi divergents qu’antagonistes. Le siège de l’UA basé en Ethiopie, loin d’être par exemple la consécration d’une quelconque forme d’indépendance assumée, est au contraire un don de la Chine dont on connaît par ailleurs les velléités hégémoniques à l’échelle planétaire.
Afrique à X vitesses
Sur le continent africain la démocratie n’est pas non plus la chose la mieux partagée entre certains Etats qui sont dirigés par des régimes autoritaires voire autocratiques, corrompus et face auxquels l’Union Africaine n’a aucune influence réelle. De même la diversité des communautés économiques régionales, CER, se traduit par un développement à plusieurs vitesses.
Entre des régimes qui s’accrochent au pouvoir depuis des décennies en bloquant toute perspectives d’alternance et ceux qui s’enfoncent inexorablement dans les abymes de la mal gouvernance, les perspectives de transformation qualitative restent plus que minimes. Le chaos institutionnel qui règne par endroit traduit par ailleurs l’inefficacité des mécanismes de coercition et de sanction ou de prévention/gestion des crises qui auraient pu faire bouger les lignes.
Dans les faits ceux qui sont parfois chargés de mettre en œuvre ces actions de coordination ou de sanction ne sont pas des plus légitimes non plus pour le faire. Car le plus souvent ces derniers sont parvenus au pouvoir par des méthodes peu démocratiques. Bref Kagamé a du pain sur la planche et l’on imagine bien que ce n’est pas un mandat qu’il parviendra à créer le déclic salvateur.
C’est en 2001 à Syrtes en Lybie et sous la conduite de Mouammar Kadhafi, l’ex- Guide libyen, que l’Union Africaine a été officiellement fondée, sur les décombres de l’OUA, l’organisation de l’unité Africaine. Dix-sept ans après elle peine toujours à réaliser son rêve d‘unification et d’intégration politique et économique de l’Afrique.
Jules Simon
infowakat.net
