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Afrique du Sud : l’indépendance politique sans indépendance économique est une pure utopie

L’Afrique du Sud est aujourd’hui victime d’une politique d’indépendance inachevée. Se contenter de la victoire sur  l’apartheid politique et laisser courir l’apartheid économique au nom de la démocratie et du conformisme béat, sont la conséquence de ce que nous vivons aujourd’hui en Afrique du Sud.

Le pouvoir : entre légitimité et efficacité

Tout pouvoir acquis à partir d’une lutte historique doit mettre en place pour fondement sa légitimité et son efficacité. L’efficacité permet à un pouvoir de déterminer le temps nécessaire qu’il faut à un peuple pour résoudre de façon concrète les problèmes latents. L’efficacité c’est aussi la capacité du Dirigeant à exposer au peuple les défis qui l’attendent et sa part de responsabilité à affronter ses défis. La démocratie dans ce cas de figure est inutile. L’efficacité dont a besoin un peuple fraichement affranchi, c’est un guide, un visionnaire charismatique, un révolutionnaire éclairé. Un leader capable de briser les règles de commodité et de conformisme. L’efficacité c’est la capacité d’un pouvoir à agir et la légitimité c’est la reconnaissance et le soutien du peuple à l’action gouvernementale. Mandela a fait des pas géants sans le peuple.

La légitimité d’un pouvoir lui permet de convaincre le peuple de son action, d’affronter les défis et les lui faire adhérer. Les deux Présidents, qui se sont succédés après l’apartheid politique ont mis l’accent sur leur légitimité plutôt que sur leur efficacité. Or la légitimité sans efficacité, c’est comme bâtir sur une fondation incertaine, la décadence étant alors une absolue certitude. Le Président Mahatama Gandhi l’avait bien compris, en commençant sa lutte avec « consommons indien et brûlons les produits de l’impérialisme ».

La recherche de la légitimité par les Présidents Sud Africains a abouti à former une élite issue d’un système dit démocratique, une caste totalement coupée des besoins et des réalités de la population ordinaire. Il n’est donc pas étonnant que l’Afrique du Sud soit entrée en zone de turbulences qui cachent mal le malaise entretenu au plus haut niveau de l’Etat.

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Dans un pays où plus de 85% des terres arables sont occupés par 10% de la population composée uniquement d’impérialistes blancs, il fallait s’attendre à des convulsions populaires.  C’est dommage que le baobab anti apartheid ait choisi de partir au moment où l’histoire commençait à lui rendre hommage. Le Camarade Président Robert Mugabe avait bien compris la ruse. Le professeur Laurent Gbagbo disait se méfier en tant qu’historien de l’héroïsme attribué à Nelson Mandela ; du moment où personne n’a été informée des closes conclues entre lui et Pieter W. Botha, seule l’histoire lui permettra d’en apprécier.

L’échec des politiques après le transfert du pouvoir politique

La libération d’un peuple tenu en esclavage pendant des siècles sans préparation à affronter la vie de la liberté dans toute sa forme, est dangereuse pour lui-même et pour ses semblables. Les occidentaux le savent et les Dirigeants Sud Africains en complicité avec la minorité blanche ont couvé ce système. Un peuple privé de terre, d’éducation et de formation, pendant des siècles, à qui on vient de donner la liberté mais en conservant ses moyens de subsistance, ne peut produire que du désespoir. La première indépendance de tout peuple est l’indépendance économique par une formation entrepreneuriale et la disposition des moyens en la matière. Il faut avoir le courage de repenser le partage légitime des terres.

Il n’y a rien de nouveau qui n’ait été prévisible en Afrique du Sud.  Dès les premières manifestations contre le chômage et la vie chère en 2007, le doigt était vite pointé sur la main d’œuvre moins qualifiée pour justifier le besoin d’une main d’œuvre étrangère. Alors qu’en réalité la main d’œuvre étrangère leur coutait moins chère. Avec la crise de la vie chère en 2007, suivie des événements de 2008, pour se protéger de la colère populaire, les entreprises ont laissé courir la rumeur de la responsabilité des migrants dans la propagation du chômage. Ces entreprises venaient de donner à la jeunesse Sud Africaine un ennemi à abattre.

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L’échec des organisations sous régionales

En matière de politiques d’intégration sous régionale, les pays de l’Afrique Australe sont les moins avancés. La Communauté pour le Développement de l’Afrique Australe (SADC) ou encore le Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA) trainent les pas dans l’application des politiques d’intégration contrairement à leurs pairs en Afrique Centrale (CEMAC), en Afrique de l’Ouest (CEDEAO ou encore la communauté de l’Afrique de l’Est (CAE). L’Afrique du Sud, qui était bien positionnée pour porter le projet d’intégration entre les peuples de cette région, est restée longtemps dans une politique économique extravertie tournée majoritairement vers l’occident. Cette politique donnait l’apparence que l’Afrique du Sud était devenue une puissance émergente. Les Sud-africains se sont renfermés sur eux-mêmes, sans être encouragés à découvrir d’autres horizons. Alors qu’il n’y a pas eu véritablement de politique structurelle pour la majorité du peuple qui venait de se libérer de l’esclavage.

Il y’a donc un manque de politique d’intégration et les Dirigeants Sud Africains ont manqué de vigilance. C’est pourquoi les Africains doivent prendre la crise qui n’a rien d’abracadabrante, avec plus de lucidité. Dans le cas contraire nous donnerons à l’impérialisme une arme à brandir contre notre marche vers l’Unité Africaine. Il est important de ne pas encore se tromper d’ennemi.

ŒIL D’Afrik

Le Président

Larba Israël LOMPO

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