Trois millions deux cent mille (3 200 000) Burkinabè en crise alimentaire risquent la famine en 2020, malgré les 7,4 millions de tonnes de nourriture prévues pour cette campagne agricole. Les raisons sont plus qu’évidentes. Ce sont entre autres les caprices météorologiques, mais surtout les conséquences du terrorisme et celles de la Covid19.
3millions 280 mille 800 de citoyens burkinabè sont en crise alimentaire, sur une population d’environ 20 millions d’âmes. C’est ce qu’il ressort de l’analyse des projections émanant du Ministère en charge de l’agriculture du Burkina et des organisations humanitaires.
Selon les informations du Cadre Harmonisé de juillet 2020, les causes sont inter liées. Il y a en premier lieu la rareté des zones arables et du couvert végétal nécessaire à l’élevage qui occupent plus de la moitié des populations. Dans la même veine, il y a l’installation tardive de la saison des pluies dans certaines régions.
Comme si la nature n’était pas assez capricieuse, la pression humaine, et les déplacements dus au terrorisme ont constitué des facteurs fragilisant. En effet, des champs et du bétail ont été soit abandonnés soit volés, et les zones d’accueil de déplacés perdent de plus en plus d’espaces pour les cultures.
Et dans certaines régions comme l’Est, le Nord, le Sahel, la Boucle du Mouhoun et le centre-Nord, l’activité pastorale est perturbée, voire à l’arrêt par la menace terroriste.
A cela s’ajoute les répercussions des mesures anti covid19 (fermetures des villes, des frontières, interdiction de la transhumance avec certains pays voisins) qui ont valu le ralentissement, voir l’arrêt de la circulation des denrées élémentaires à l’intérieur du pays. Malgré les mesures d’accompagnement, le manque à gagner a été pour le moins énorme et difficile à rattraper. Toute cette situation fait que la famine menace dangereusement de s’installer dans plusieurs localités du Burkina, notamment le Sahel. L’ampleur du fléau est telle qu’on craint une situation similaire à celle des années 1973.
35 provinces menacées
Cette situation de crise alimentaire concerne 35 des 45 provinces que compte le Burkina Faso, avec une forte pression alimentaire dans les régions du Sahel et du Centre-Nord, dans lesquelles, où respectivement 700 et 600 mille personnes sont menacées.
En effet, les provinces du Soum et de l’Oudalan dans le Sahel sont en situation d’ « urgence » alimentaire avec plus 260 mille personnes qui n’ont plus rien à manger.
Seize autres provinces réparties dans les régions de l’Est, du Nord, du Centre Nord, du Sahel, et de la Boucle du Mouhoun sont en situation de « crise », ce qui voudrait dire que sans aide de l’Etat ou de ses partenaires, des personnes seront dans la famine.
« Sous pressions » alimentaire, c’est-à-dire, des ménages qui risquent de connaitre une consommation alimentaire réduite (Pour dire que ceux qui ont 2 repas par jour n’en auront qu’un seul et ceux qui en avaient un seul, auront du mal à se nourrir), il y a 17 provinces. Elles sont réparties, dans les régions du Centre, le Centre Sud, le Centre-Est, le Centre Ouest, le Centre Est, de la Boucle du Mouhoun et du Sud-Ouest.
La région des Cascades est celle qui cumule le moins de personnes en crise alimentaire (6 900), tandis que celle du Sahel en a le plus (767 412).
L’aide humanitaire plus que nécessaire
De ce qui précède, il apparait clairement que l’aide humanitaire, déjà sur place, est une nécessité. Les derniers chiffres font état d’un peu plus d’un million de déplacés internes à cause du terrorisme. Cette situation a affecté diversement les populations d’accueil et rendu vulnérables 3 millions de personnes à travers le pays.
Les solutions devraient s’articuler non seulement autour des questions alimentaires, mais aussi de celles liées à l’accès à la santé, parce qu’au 10 août 2020, 294 centres de santé ont été obligés de fermer ou de réduire leur activité de soin, toujours à cause du terrorisme. Des groupes armés ont plusieurs fois ciblé ces édifices publics, contraignant les personnels soignant à déserter leurs postes. Avec l’utilisation des engins explosifs sur les routes par les terroristes, le gouvernement et les ONG qui doivent venir en aide aux populations dans la famine doivent rivaliser d’ingéniosité pour les atteindre. En tout cas, la sonnette d’alarme est tirée.
Ange L. Jordan MEDA
Infowakat.net