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Burkina Faso : Blaise Compaoré met le pardon dans l’impasse

Le message de l’ancien Président Blaise Compaoré adressé au peuple Burkinabè et faisant son mea culpa. Tout compte fait, le lièvre est levé provoquant des doutes en la capacité de ce dernier de pouvoir écrire de telle correspondance, puisqu’il souffre dignement et est devenu une loque humaine. Par contre, cette démarche aurait plus de valeur quelques temps après son exil en Côte d’Ivoire ou lors de son bref passage au Burkina le 8 juillet dernier.

« Je demande pardon au peuple burkinabé pour tous les actes que j’ai pu commettre durant mon magistère, plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Isidore Noël Sankara. J’assume et déplore, du fond du cœur, toutes les souffrances et drames vécus par toutes les victimes durant mes mandats à la tête du pays et demande à leurs familles de m’accorder leur pardon. Je souhaite que nous puissions aller de l’avant désormais pour reconstruire notre destin commun sur la terre de nos ancêtres », extrait de son message adressé au peuple burkinabè et porté par une délégation venue d’Abidjan, et comptant en son sein la fille de l’ancien président, Djamila Compaoré.

Lequel message, livré par le porte-parole du gouvernement de la Transition, vient de mettre du plomb dans l’aile de la colombe qui a du mal à planer au-dessus du Burkina Faso. Blaise Compaoré en exil depuis 2014 en Côte d’Ivoire après 27 ans de pouvoir a eu toutes les occasions et le temps nécessaire de montrer aux Burkinabè qu’il avait tort et présenté ses excuses à la famille des victimes.

Sa venue récente au Burkina Faso sous le couvert de Paul Henri Sandaogo Damiba a été également une aubaine pour lui de demander pardon. À défaut, quelqu’un pouvait le faire en sa présence. Le peuple allait sentir une sincérité dans l’acte. Malheureusement, la population est restée sur sa soif.

Aujourd’hui, la situation qui se présente ressemble à une comédie. Une pièce qui n’est sans doute pas la meilleure de l’auteur. Ou une distribution de rêve pour une création très décevante dans le processus de la réconciliation. Damiba a laissé les locaux aux visiteurs du jour de mettre la main sur le match qu’ils ne maîtrisent pas. L’acte fort devait venir de Blaise Compaoré. Il a eu l’occasion de demander directement pardon quand il était venu au Burkina pour la première après avoir été chassé par la rue. Mais hélas !

Et cette manière de demander la clémence des familles des victimes par procuration sonne comme un manque de respect à leur égard. Même si certaines victimes arrivent à le pardonner sans avoir droit à la justice, toutes ne le pourront pas. C’est également un spectacle d’irrespect en la mémoire des victimes.

Eviter de faire de l’impunité une valeur culturelle

Au contraire, sa présence au pays a mis à rude épreuve la justice Burkinabè qui s’est montrée impuissante. C’est la sincérité qui rend nos actes honorables et beaux. Ce pardon devrait être accompagnée d’une sincérité de la part de M. Compaoré. La sincérité était qu’il accepte de son propre gré de se mettre à la disposition de la justice de son pays avant de demander le pardon à son peuple. Si ce format était respecté, des Burkinabè allaient le pardonner. Malheureusement, on a enjambé la décision de la justice pour la réconciliation.

Une décision qui remet en cause le processus de réconciliation et de paix dans lequel s’est engagé le Burkina afin que puisse se tenir la journée nationale de la réconciliation dans les meilleurs délais qui puissent s’offrir. Pire, aucun passage du texte ne fait cas où le condamné Blaise Compaoré se dit prêt à se mettre à la disposition de son pays.

D’aucuns diront qu’il faut aller à la réconciliation sans forcément juger les crimes économiques et les crimes de sang. Certes, les Burkinabè sont favorables à la réconciliation. Mais, il faut la vérité et la justice d’abord. Car cela serait un mauvais exemple pour les générations futures si nous faisons de l’impunité une valeur culturelle au nom d’une soi-disant réconciliation. Cela nous rattrapera dans les années à venir.

Youssouf KABDAOGO
Infowakat.net

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