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Burkina : « Il ne faudrait pas que le mal qui frappe un peuple soit utilisé pour cacher une incapacité ou incompétence notoire », (Bassolma Bazié)

Le gouvernement a interdit les manifestations de grandes envergures jusqu’au 30 avril 2020. Le collectif syndical qui avait prévu une grève du 16 au 20 mars 2020 dit la maintenir. Pour lui la décision du gouvernement ne le concerne pas dans la mesure où il a adressé une lettre d’information et non de demande d’autorisation de grève. Quel est donc le bilan de la marche du 07 mars 2020 et jusqu’où compte aller le collectif pour la satisfaction de leur plateforme revendicative. Infowakat.net a rencontré le secrétaire général de la confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), Bassolma Bazié.

Quel est le bilan de la marche ?
Il n’y a pas ce département dans notre pays, voir des villages qui sont restés en marge des directives que nous avons données dans ce sens. Donc, c’est un bilan positif d’autant que tous les différents recoins de notre pays ont été touchés par le mouvement. Nous constatons que l’impact du message va au-delà des travailleurs du public et du privé.

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Quelles sont les perspectives à venir ?
Nous avions déjà annoncé depuis le 26 février qu’on allait tenir la marche meeting du 07 mars 2020. Il y a la grève générale qui aura lieu du 16 au 20 mars 2020, qui sera ponctuée par la marche meeting le 17 mars 2020. Dans le préavis de grève que nous avons transmis au chef de l’Etat, nous avons bien dit que si jusqu’à la fin du mouvement, nous n’avons pas une réponse conséquente par rapport aux préoccupations qui ont été soulevées, nous nous donnons le droit de prendre toutes les dispositions idoines allant dans le sens de faire satisfaire le contenu de la plateforme.

Où en est-on avec la frappe chirurgicale ?
Les frappes chirurgicales stratégiques et précises ont été appliquées sur l’ensemble du territoire. Ici, c’est de prendre des décisions mûries qui puissent permettre d’atteindre les objectifs sans faire souffrir la population au nom de laquelle nous agissons. D’autant que, quand on dénonce la mauvaise gouvernance, c’est y compris la mauvaise gestion du foncier dans notre pays. Une gestion dont nous considérons à l’heure actuelle que cela constitue tôt ou tard, une bombe à retardement.

Il y a également les mines; vous savez très bien que l’Assemblée nationale a voté une loi qui prévoit que 1% au niveau des sociétés devaient servir de développement local. Nous ne comprenons pas comment on peut voter une loi à l’Assemblée nationale et on tergiverse sur sa mise en œuvre.

Lire aussi : Marche contre l’extension de l’IUTS : l’ADF/RDA salue la réussite des manifestations

Quand une Assemblée ferme l’œil sur les pillages des ressources nationales, la presse ne fait que faire découvrir des tas de malversations tels que le cas du charbon fin, le cas de la mairie centrale de Ouagadougou et bien d’autres cas sur lesquels on donne l’impression qu’il y a rien. Et à la limite c’est comme si la médiocrité est la chose la plus promue au Burkina Faso. Tu fais de la malversation au lieu de te punir, on te nomme à un autre milieu ou tu peux davantage faire des malversations. Il y a un manque de modèle, une déconfiture totale de l’administration, et une politisation à outrance. On ne peut pas construire un pays démocratique sur des bases fallacieuses. C’est à nous, organisation de la société civile, notamment le mouvement syndical de jouer pleinement notre histoire.

Ces frappes vont-elle continuer ou allez-vous la surseoir jusqu’à ce que le gouvernement réagisse ?

Si jusqu’à la fin du mouvement, c’est-à-dire le 20 mars, le gouvernement ne tend pas une oreille attentive, nous allons développer d’autres mesures qui puissent permettre au gouvernement de réagir. Quand je dis une oreille attentive, je n’invite pas le gouvernement à de la théâtralisation. Les préoccupations que nous déposons devant le chef de l’Etat sont tellement sérieuses, que nous n’allons pas nous laisser utiliser comme des acteurs de théâtre, donner l’impression que le gouvernement échange avec le mouvement syndical, transformer ses rencontres en de gros cimetière au niveau desquelles viennent s’enterrer les préoccupations centrales des populations, non.

Que pensez-vous de la décision du gouvernement d’’interdire les événements d’envergure ?

L’exploitation qui est faite au niveau de nos politiciens indique à quel niveau se trouve leur moralité. Cela veut dire que quand un mal est là, au lieu de réunir les moyens pour défendre de façon moralisante et conséquente la question, on profite en fait, des questions de commerce ou des questions de culture d’opposition. Mais, les mesures qui sont prises dans les pays sérieux n’ont pas ciblé un secteur. Quand vous prenez une mesure comme celle du ministère des affaires étrangères qui refait un lien avec l’illégalité des sit-in, est-ce que c’est un acteur politique sérieux ?

Quand vous prenez une mesure pour dire que les manifestations de grandes envergures ne doivent plus se faire, les marchés ont-ils été fermés, les écoles et universités, des personnes ne s’y rencontrent pas ? Il faut qu’on arrête les fanfaronnades. Un mal quand il vient, on doit le combattre de façon sérieuse.

Lire aussi : Burkina : Finalement, l’ IUTS ça passe ou ça casse ?

Et puis ces maladies opportunistes causées par les virus généralement ont de l’efficacité sur des corps affaiblis. Mais, c’est la misère qui affaiblit le corps. Il faut dénoncer dans nos pays ce qui frappe et tue nos populations ! C’est la corona-misère, ce n’est même pas le coronavirus. Un corps bien portant, le virus n’a rien à y faire, s’il rentre, il sort. Le ministre porte-parole du gouvernement a bien dit que ce sont les manifestations soumises à autorisation qui sont interdites d’autant que nos manifestations ne sont pas soumises à autorisation. C’est une lettre d’information et non de demande d’autorisation. L’article 07 de la loi du 22/ 1997 de la loi du 21 octobre 1997 dit qu’on écrit une correspondance d’information à l’autorité administrative.

Par conséquent, conformément à ces dires, cela ne nous concerne pas. Mais, cela ne veut pas dire qu’on va faire la négligence. Nous sommes matures et nous avons dit qu’au sein du mouvement syndical, il y a de grandes organisations syndicales de la santé sur le front. Vous croyez que nous sommes autant immatures à réunir des personnes sans un minimum de précaution ? Nous avons des précautions.

Il ne faudrait pas que le mal qui vient frapper un peuple soit utilisé pour cacher une incapacité ou incompétence notoire. Pour le cas des Etats-Unis et la France, ils sont en train de travailler pour réduire les impôts afin que les ménages puissent avoir les moyens de faire face à ce mal. Pourquoi chez nous, c’est le contraire ?

Jusqu’où êtes-vous prêts à aller avec le mouvement ? Ne craignez-vous pas une répression de la part du gouvernement si vous persistez à tenir les meetings?

Nous sommes prêts à aller jusqu’à la résolution de notre plateforme. S’il y a une répression, nous allons aviser. De toute façon, tout ce que nous avons pu arracher dans l’histoire pour le renforcement de la démocratie de l’intégrité n’a pas été des questions de joie. Il n’y a pas eu un gouvernement qui s’est levé un beau matin dire qu’on a des beaux yeux, je vous donne ce que vous voulez. C’est des constructions qui ont été faites sur la base de la sueur des larmes et du sang. L’essentiel est que l’histoire retienne ce que chacun fera. Aujourd’hui beaucoup se réclament être des insurgés. Comment un insurgé peut aller voter une loi pour dire que toute personne parlant d’insurrection, il sera jugé et emprisonné ?

Lire aussi : Ouagadougou : le maire interdit la marche meeting du 17 mars

Nafisiatou Vebama

Infowakat.net

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1 commentaire

Made 14 mars 2020 at 12 h 15 min

Les coprs des Africians affamés sont plus resistants que ceux des pays developés. Puisque jusqu’à present, aucun Africain subsharien noir n’a succmbé !

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