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Fronde Syndicale : que retenir de tout ce tumulte ?

La levée universelle de sabres et de boucliers dû front syndical résulte en partie d’un blocage, d’un endiguement des revendications des travailleurs qui datent. Certains engagements pris par le régime précèdent tardaient à être concrétisés. Trois à quatre ans (depuis 2012) selon certains

L’aveugle et opiniâtre syndicaphobie de l’ancien régime à trouver des solutions, a installé un héritage. Un héritage de problèmes posés et à résoudre, cumulés à des revendications naissantes, à satisfaire ; ici, maintenant, tout de suite et qui ne peuvent souffrir d’attendre une inscription éventuelle aux budgets à venir ; le tout sur une toile de fond de guerre anti – terroriste.

 Libéré de la sujétion étouffante d’un régime militaro-monarchique, le peuple dans ses différentes composantes (citoyennes, syndicales, politiques, socio-professionnelles …) s’est jeté sur la liberté nouvellement acquise après l’insurrection populaire avec une violence analogue à celle de l’homme assoiffé qui peut boire après avoir longuement erré dans le désert.

Aujourd’hui, aucun citoyen burkinabé, aucun responsable syndical, politique, journaliste, magistrat ou autre, après avoir exercé son droit ou stipendié, vitupéré, accable, dénoncé l’autorité, n’ira dormir la nuit la peur au ventre de crainte d’être découvert au matin le corps sans vie gisant dans un caniveau.

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C’est dire qu’aujourd’hui il y a un changement, n’en déplaise aux professionnels de la démagogie toujours portés à mépriser leurs gouvernants quels qu’ils fussent et attendant dans une impatience morbide et sceptique la prochaine crise gouvernementale pour se réjouir, se délecter.

Aucun esprit honnête ne peut arguer une absence, un manque de liberté et de démocratie. C’est là aussi la différence.

Cependant, que dire des actions syndicales hors normes : ″grèves de caisses vides″, ″absences ou refus d’assurer, un service minimum″, ″ blocage de perceptions financières, difficultés aux volontaires à donner leur sang, etc …Un non – respect intégral des réglementations en vigueur, le bafouement de certaines lois qui régissent l’exercice du droit de grève (ex : les préavis …). Toutes choses génératrices de mécontentements de la population, des drames et des tragédies.

On a dit que la loi << pèse sur nous comme un bouclier, non comme un fardeau. >> Certes la loi, le règlement sont parfois pesants comme l’était le bouclier pour le soldat. Mais si le soldat abandonne son bouclier, il mourra au combat.

De même une société qui méprise les lois, meurt dans le désordre et l’anarchie. C’est la loi et les règlements qui régulent nos rapports, nos relations collectives et individuelles.

Le bon droit n’ouvre pas automatiquement la perspective d’une victoire à brève échéance, immédiate, sans délai. Le nécessité de préserver les possibilités de mener une lutte de longue haleine peut commander la patience, les étapes, voir le compromis sans compromissions.

Une action incomprise ou désapprouvée peut conduire à une insouciance sceptique, voire une désolidarisation, une hostilité même.

Mais inversement, les réquisitions de l’état ou le << service minimum >> eux, par exemple ont été compris, approuvés et soutenus. Sur le terrain de la lutte des classes, c’est l’isolé qui est perdant. Notre conviction est qu’il faut utiliser et défendre tout ce qui est positif.

Dans le tintamarre actuel surtout sur fond de combat, de guerre contre le terrorisme, il valait mieux une fois encore le répéter, sans concessions.

Il est assez de subir la guerre du terrorisme. Il est ridicule d’en faire fi, de feindre de l’ignorer, d’ajouter le désordre au désordre.

C’est vrai, les principes fondamentaux de base du syndicalisme conséquent et authentique nous enseignent : << Le syndicat ne doit pas transiger avec la défense des intérêts de ses membres, quel que soit le gouvernement en place. Ainsi, il n’est donc pas question pour le syndicat de mettre en veilleuse les problèmes des travailleurs sous le prétexte de ne pas gêner le gouvernement dont la mission est de gouverner et de gérer le pays. La lutte des travailleurs doit être continue. >> Fin de citation.

En droite ligne des mêmes principes de base ; la dialectique organisationnelle du syndicalisme conséquent et authentique enseigne que << dans la tactique et la stratégie, le syndicat ne saurait faire abstraction de la situation globale, nationale et internationale, politique, sociale, économique ainsi que du contexte du moment dans lequel baigne la lutte syndicale, après une analyse précise de la réalité. Autrement dit, la recherche de la satisfaction des intérêts des militants ne saurait aller à contre- courant des intérêts généraux des travailleurs et du peuple. >>

C’est un principe organisationnel cardinal, fondamental pour éviter de créer des conditions de luttes hostiles au syndicat, pour éviter d’instaurer un climat défavorable et non apprécié dans la population, toute choses génératrices d’un potentiel de discrédit de démarcation, d’isolement et d’échec.

Cela signifie en clair que les luttes pour la satisfaction des revendications ne doivent pas être entendues et comprises de façon mécanique, rigide, aveugle, reposant sur une analyse erronée et une fausse appréciation de la situation. Ca n’est pas pour rien qu’à chaque étape de la lutte s’impose toujours l’introduction consacrée : << Analyse de la situation >> afin de se positionner ou de se repositionner correctement.

C’est parce qu’ils se sont armés de cette théorie organisationnelle anti – impérialiste, révolutionnaire , avant – gardiste, cette boussole de la tactique et de la stratégie que nos centrales syndicales en général et nos syndicats anti – impérialistes, progressistes en particulier, unis autour de l’essentiel, dans un Front Uni démocratique, ont pu se reconnaitre au milieu des écueils, des obstacles, des dangers, des multiples courants à une époque donnée sans tomber dans une déviation de droite ou de gauche, populiste ou réactionnaire ; sur fond de famines et de sècheresse généralisées au sahel, suivies de conflits armés frontaliers,( bêtes et absurdes, qualifiés de << guerre des pauvres >> ) et par la suite dans la grande tourmente des élections pour le retour à une vie constitutionnelle normale afin de ne faire le jeu d’aucun parti politique (referendum , législative, présidentielle).

L’histoire est là, nos syndicats ont su être responsables parce qu’ils ont su opérer les dissociations, parce qu’ils ont su ″ tirer sur la bride″ quand il le fallait. Ce qui nous a valu de grandes victoires collectives ou sectorielles parce que nous avions l’adhésion et le soutien du peuple ; et même l’admiration de nombre de dirigeants de l’époque.

C’est pourquoi, il faut savoir allier, prévoir dans les grandes lignes le cours des évènements et par la suite être prêt sans cesse à y faire face et repartir sans compromissions. Il faut avoir de la vision.

Confronté à une concentration de défis graves et urgents à relever, un soupçon de bon sens, de sacrifices et de patriotisme est à consentir pour l’instant présent. Car ce dont il s’agit ici, c’est bien de sacrifices nécessaires en temps de guerre. C’est de la patience qu’il s’agit.

Alors que la société civile se mobilise pour demander à la nation entière de collecter des fonds en faveur des populations qui fuient les zones soumises aux massacres, alors que les communautés religieuses font la collecte de fonds, alors des ONG sur le plan international, ainsi que des pays amis consentent des efforts pour soutenir le gouvernement face au terrorisme, dans le même temps, paradoxalement ou contradictoirement, nous soumettons nos budgets du reste assistés, à la fragilisation du tissu économique et financier à coups de sommation et d’ultimatum.

Où est notre contribution ?

 

Une chose est claire, beaucoup de gens n’ont pas encore conscience de la gravité de la situation et du danger que court le pays. Dans la compréhension de bon nombre de personnes, ces incursions criminelles récurrentes, ces massacres de villageois aux mains nues sont vus comme de simples escarmouches passagères, vite retombés comme étant le fait de quelques hordes.

Nous sommes au cœur d’une véritable stratégie de conquête des espaces africains. Le Président Nigérien Mahamadou Issoufou disait le Vendredi 05 Juillet 2019 : <<Le terrorisme au sahel, une menace pour le monde entier. >> Nous sommes au cœur d’un vrai calcul impérialiste à la faveur d’une opportunité de terrorisme. Nous sommes au cœur d’une vraie stratégie de dérèglement de nos fragiles économies ; de déstabilisation programmée pour nous assujettir à nouveau.

La situation nationale actuelle du Burkina Faso est exceptionnellement grave, complexe et préoccupante. Au moment où nous allons clamer, exprimer avec enthousiasme et conviction dans nos congrès notre soutien aux éclatantes victoires des armées et des peuples des autres nations, mesurons la part immense qui nous revient dans des victoires à gagner dans notre pays ; de notre pays. << Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. >> Président Jacques Chirac.

  • Il est temps de tirer la sonnette d’alarme pour éviter que le pays n’aille à la dérive.
  • Il est temps de porter au peuple des messages qui décapent la gangue de la démagogie, de l’erreur, de l’hypocrisie, du mensonge et de la confusion.
  • Il est temps de démystifier la campagne éhonté et sans la moindre rigueur d’analyse menée par des esprits plus avides de publicité personnelle que de vérité et qui ne craignent pas le scandale des amalgames.

L’aube nouvelle qui se lève sur le Burkina Faso, cette aube nouvelle que nous avons souhaité, réclamé et obtenu par la victoire de l’insurrection populaire des 30 et 31 Octobre 2014 et qui s’est poursuivie par l’expression d’élections libres, démocratiques et transparentes, cette aube nouvelle nous indique qu’aujourd’hui, dans un contexte de combat contre le terrorisme, ce dont le pays a besoin, c’est d’un peu moins de contestations et d’un peu plus de respect et d’amour pour la patrie.

On devient l’homme d’une patrie en le fondant d’abord en soi. Un tel Etre, il convient de le fonder en soi. Et là ou n’existe pas le sentiment de la patrie, aucun langage ne le transportera. On ne fonde en soi l’Etre dont on se réclame que par des actes. Un Etre n’est pas de l’Empire du langage, mais de celui des actes. Sinon tout le reste n’est que littérature et boniments de camelot.

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Le pays des Hommes Intègres, le Burkina Faso est décidément un pays à lutte, que dis-je un pays, de lutteurs, de résistants. Il ne serait pas bon que certaines personnes prennent leurs pensées, leurs illusions pour des réalités, ou des victoires acquises. La désillusion n’est pas loin et peut surprendre désagréablement.

Il serait mieux d’avancer vers les populations avec honnêteté, sans démagogie, sans masque. Le mensonge ne paie plus. Ces politiciens que nous entendons depuis un certain temps sont d’un autre âge. L’Age de l’amalgame, de la démagogie et de l’hypocrisie.

L’histoire ne s’écrit pas au crayon, elle nous attend.

Ouagadougou, le 20 Août 2019

Zephyrin KY

Ancien Secrétaire National à L’Information et  à la Formation Syndicale de la CSV

Ancien Secrétaire General Adjoint du SNEAHV

Professeur d’Histoire

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