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Procès putsch : Le soldat Lompo et ses « maux de genou »

Le soldat de première classe Lompo Médanimpo Eloi a comparu ce lundi 23 juillet 2018 dans le cadre du procès du putsch manqué de septembre 2015 qui se tient depuis le 28 février 2018 à Ouagadougou. A la barre, ce soldat qui s’est présenté avec des béquilles à cause de ses « maux de genou », a usé de ce mal pour nier son inculpation dans les faits d’attentat à la sureté de l’Etat, de meurtre, de coups et blessures volontaires qui lui sont reprochés dans ce dossier. « Je n’ai jamais sorti au dehors », s’est-il défendu dans un français approximatif.

L’accusé a plaidé non coupable à la barre. Le 16 septembre 2015, il était de garde dans son poste habituel. Le lendemain  17 septembre, selon son récit à la barre, c’est le major Badiel Eloi, qui est son chef, qui l’a appelé pour s’enquérir de l’état de sa santé, parce qu’il avait des « maux de genou ». Il lui a, en même temps, demandé de venir renforcer le poste de garde de la résidence (présidentielle). C’était son premier jour de garde à la résidence après son retour du Soudan. Il dit avoir passé trois (3) jours de garde mais il n’a rien constaté d’anormale dans le quotidien de l’ambiance qui prévalait à la résidence parce que de sa position de garde, il n’avait plus de contact direct avec le monde extérieur. Ainsi, contrairement aux déclarations consignées dans les procès-verbaux de comparution de l’adjudant Nion Jean Florent tendant à faire croire que le soldat Lompo était de son équipe pendant les faits, l’accusé répond : « moi je n’ai jamais sorti avec Nion ».

« Moi j’avais parlé mais c’était la peur »

L’accusé a demandé au tribunal de tenir compte de ses propos de sa deuxième comparution devant le juge d’instruction et ceux qu’il tient à la barre ce jour parce qu’à la première audition il aurait fait des déclarations « qui n’étaient pas ça » parce qu’il « avait peur ». « Je ne maintiens pas ma déclaration (la première) parce que je n’avais pas d’avocat en ce moment. Vous allez voir qu’il y a un changement dans mes déclarations parce que devant le juge on peut mentir pour s’en sortir, mais ici c’est le lieu de dire la vérité », a soutenu le soldat de première classe.

Lire aussi: Procès putsch manqué : « Ce n’était pas un honneur pour moi d’être de la garde rapprochée du Général », Sergent Nobila Sawadogo

« Est-ce à dire que ce que vous avez dit au juge n’était pas la vérité ? », a demandé le parquet militaire qui « comprend plus rien » dans ce qui se passe avec des déclarations contradictoires de l’accusés. « Sincèrement », a répondu l’accusé, jurant que ce qu’il a dit à sa première comparution n’était que gros mensonge. « Moi j’avais parlé mais c’était la peur. Je disais tout ce qui venait dans ma tête», ajoute-t-il, expliquant qu’après sa première comparution, il est revenu, avec l’accompagnement de son conseil Me Timothée Zongo, pour une deuxième comparution où il devrait dire toute la vérité après avoir consulté son chef, le Major Badiel Eloi. « Je suis parti et je suis revenu pour changer ma déclaration parce que ma conscience m’a grondé », a-t-il poursuivi son explication, révélant qu’après sa première comparution, le major Badiel lui aurait dit de déclarer à sa deuxième comparution qu’il avait été à la « rencontre préparatoire du coup d’Etat » sous le hall de la présidence sans faire quelque chose d’autre. Mais, insiste l’accusé, « c’est ce que moi j’ai dit à la barre ici qui est vrai ».

« Le jour de l’accouchement il n’y a pas de honte »

Me Timothée Zongo, conseil du soldat Lompo dit avoir demandé à ses clients de dire toute la vérité parce que « le jour de l’accouchement il n’y a pas de honte ». Par rapport au changement de version de son client à la barre, l’avocat dit avoir lui-même provoqué la deuxième comparution devant le juge d’instruction où son client a précisé qu’il n’a pas participé à une quelconque réunion préparatoire du coup d’Etat. « J’ai dit à tous ceux que je défends de toujours dire la vérité parce qu’en disant la vérité, on se défend aisément. Je lui ai dit de tout dire parce que le jour de l’accouchement il n’y a pas de honte », explique l’avocat.

Et les faits de meurtre et de coups et blessures volontaires ? « Je ne reconnais pas les faits et je m’explique. Je ne suis pas sorti au dehors parce que j’avais maux de genoux. Comment quelqu’un qui a maux de genoux peut porter coups et blessures sur des gens ? », a répondu l’accusé.

Son conseil Me Zongo, réagissant sur les interventions du parquet militaire qui tendent à dire que les morts et les coups et blessures étaient la conséquence prévisible du coup d’Etat, a fait remarquer que le Burkina Faso est habitué des coups d’Etat et qu’il y a même des coups d’Etat où il n’y a pas eu de victime. « On a vu des coups d’Etat ici sans aucune victime », a-t-il dit, citant celui du président Sangoulé Lamizana.

L’accusé, avant de quitter la barre, a demandé pardon au peuple burkinabè. « Les morts, que les portes de Dieu s’ouvrent pour qu’ils rentrent se reposer en paix. Les blessés, que Dieu leur tende la main pour qu’ils recouvrent la santé », a soutenu l’accusé avant de souhaiter que Dieu garde aussi le président du tribunal.

Armand Kinda

Inowakat.net

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