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Recensement population : les enquêteurs et l’Insd à couteau tiré

Les agents recrutés pour le recensement général de la population de plus en plus se plaignent du fait que l’institut national de la statistique et de la démographie (insd) ne leur a pas encore payé leur reliquat. Certains d’entre eux n’hésitent pas à exprimer leur ras le bol sur certaines ondes radio phoniques. Pour mieux comprendre la situation nous avons rencontré les différents acteurs, y compris des responsables de l’institution en question. Pendant que les agents recenseurs pointent du doigt la mauvaise organisation de l’opération, l’INSD présente la malhonnêteté de certains agents.

Selon les agents recenseurs, l’organisation, le déploiement et l’équipement laissaient beaucoup à désirer.

Tout d’abord, le recensement a pris du retard compte tenu de l’arrivée tardive du matériel de travail, et du paiement des frais de formation.

Dominique (nom d’emprunt) un des agents recenseurs a accepté nous livrer son vécu concernant le paiement prévus par les contrats.

Selon elle « lors du recrutement il fallait avoir un compte mobile money que ce soit mobicash ou orange money. Lors de la formation, ils nous ont fait savoir qu’ils allaient finalement travailler avec orange money. Les agents pensaient que les frais de formation allaient se payer par orange money mais à notre grande surprise ça été fait part billetage suite à une grève. Pour le payement on pensait qu’on allait percevoir 50% au début du recensement et 50% à la fin du recensement c’est-à-dire à la fin du contrat mais à notre grande surprise, ils nous on dit qu’ils vont payer 25% comme première tranche c’est-à-dire au démarrage du recensement, 25% comme deuxième tranche à 50% des travaux sur le terrain, et le reste des 50% à la fin des travaux ».

Pour ce qui est du matériel « chaque agent devrait avoir un smartphone, un power bank, le recensement sur papier, un tee shirt, un Gillet, une casquette, un sac et de la craie. Mais ils nous ont donné à Ouagadougou un sac, un portable complet, un t-shirt, de la craie. Tout le monde n’a pas eu le Smartphone sur ouaga. Certains marchaient avec des papiers pour recenser » poursuit Dominique.

Un autre souci rencontré a été que le matériel est arrivé en même temps que la reconnaissance des zones. « Donc agents recenseurs comme contrôleurs sont partis sur le terrain en même temps. Chez nous par exemple, on nous a donné des cartes démographiques de 2012. Pourtant de 2012 à maintenant beaucoup de rond points ont disparus et des maisons ont poussés donc le contrôleur de zone a dit d’oublier la carte et de nous débrouiller ».

Les informaticiens toujours en attente de leur reliquat

O.A, jadis délégué des informaticiens du RHGP 2019 a lui aussi pointé du doigt la « gestion floue de l’argent » pendant la durée du contrat.

« Nous avons été recrutés en tant qu’informaticiens RGPH niveau BAC+2 au nombre de 45 ! Il y a eu jusqu’à 3 étapes. Nous devions commencer en décembre 2018 mais finalement c’est en février 2019 que nous avons commencé les premiers travaux de configuration des smartphones. D’abord un contrat de 450.000f nous a été proposé avec 10% en moins comme impôts donc nous devrions recevoir 405.000f net comme salaire mensuel. Nous avons refusé et après négociation ils nous ont promis que la suite sera meilleure. Alors nombreux se sont désengagés ailleurs pour se donner pleinement à ce projet ».

Sauf que « pour nous payer à la fin du mois ça été tout un calvaire, il a fallu négocier, et le mode de paiement n’a pas été du tout satisfaisant. Nous avons continué malgré tout. Il y a eu des moments même où nous étions obligés de faire une suspension de travail pour avoir notre salaire. Une fois nous sommes allés voir le DG vers 10h pour salaire impayés et à 12h on nous a convoqués pour nous payer. Ce qui veut dire qu’il y a certains qui ne font pas leur travail expressément (…) Nous devrions finir le 26 décembre mais ils nous ont obligé à finir le 31 décembre 2019. Nous avons reçu 202.500f soit 50% de notre dernier salaire et nous attendons jusqu’à présent ».

Toujours selon O.A la phase des missions sur le terrain a été celle qui a le plus compté de magouilles, car en plus des retards de paiement, « depuis le début de l’opération jusqu’à la fin, il y a des membres de l’INSD qui ont toujours eu leurs noms sur la liste des missionnaires mais qui n’ont jamais quitté leur bureau ».

Ce que dit l’INSD : des comptes orange money pas au nom des agents recenseurs

Selon le directeur général adjoint de l’INSD, Bernard KERE, les différentes tranches et les périodes de payement ont été évoquées et ils devaient être payé en trois tranches. D’abord une première tranche au démarrage, une deuxième tranche après 50% du travail et une troisième tranche à la fin du travail.

« Il y a différents cas pour ce qui est du payement.

D’abord pour le payement de la première et de la deuxième tranche, nous avons dans ce processus l’accompagnement des partenaires qui nous ont recommandé le payement par orange money et pour cela nous avons besoin des comptes orange money des agents recenseurs. A ce niveau, il y a eu des manquements car certains agents nous ont donné des comptes orange money qui ne sont pas les leurs. Pour la plupart ces comptes appartiennent soit à des amis, des oncles, des tantes, des frères etc. et quand intervient le payement, Orange atteste que le numéro a bien reçu un payement mais l’intéressé dit n’avoir rien reçu. Mais on a établi des listes complémentaires pour que tout le monde soit géré ».

Selon lui, « la première et de la deuxième tranche » ont été payées sauf « vraiment les cas résiduels de numéros erronés et ceux qui n’avaient pas de compte orange money que je viens d’évoquer. Ce sont ces derniers cas où le payement n’a pas été effectué ».

Cependant, certains agents recenseurs jouent à un double jeux et ne veulent pas travailler. « Il y en a qui depuis le début n’ont pas encore atteints 50% de leur travail et voudraient profiter de cette opération pour avoir quelques ressources ».

« Dès le démarrage, les agents nous ont fait trainer avant d’aller sur le terrain, et beaucoup ont cru que jouer avec le temps leur permettraient de renouveler leur contrat. En plus ils s’absentaient régulièrement sur le terrain et ils trouvaient toujours un alibi. Après le payement de la première tranche, au lieu d’avancer sur le travail ils étaient là à trainer les pieds pour exiger la deuxième tranche. Pour ce qui est du payement de la troisième tranche il faut s’assurer que le travail a été fait et que le matériel a été restitué ».

Le recensement n’est toujours pas encore fini mais Bernard KERE rassure qu’ il ne reste plus grand-chose. « Le travail qui reste à faire c’est surtout dans les centres urbains comme Ouagadougou sinon pour ce qui est des provinces, le travail a déjà été fait ».

Sandrine BADO
Infowakat.net

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4 commentaires

Sanfo Abdou 30 janvier 2020 at 17 h 47 min

Vraiment déçu. Nous avons encore du pain sur la planche en matière de bonne gouvernance.
Espérions que cette situation ne parte pas a la révolte des AR qui peuvent ne plus manifester pacifiquement

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Kader sawadogo 4 février 2020 at 17 h 41 min

Même si vous n’avez rien pour paye dite quelques chose à ses agents qui ont du prendre de risque pour le travail !! Sa vous fairez quoi ? Niyalsa

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ADAMA KABORE 13 avril 2020 at 23 h 09 min

merçi pour tt. J’ai eté un AR de la commune de Mogtedo dans la province du Ganzourgou et j’aimerai savoir la raison pour laquelle nous n’avions pas reçu notre troisième tranche?

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ADAMA KABORE 13 avril 2020 at 23 h 31 min

qu’en est il de la dernière tranche pour les AR de la commune de Mogtedo dans la province du Ganzourgou?

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